La ministre pakistanaise des affaires étrangères a appelé son homologue indien à reprendre le dialogue dans le but de faire retomber la tension militaire au Cachemire. Ce jeudi, réponse glaciale de l’Inde. Car si le ministre Salman Khursid a déclaré que le dialogue n’était pas gelé, c’est bien le premier ministre indien, Manmohan Singh qui doit décider de la tenue ou non des discussions entre les ministres concernés. Et dans ce sens, le gouvernement a indiqué que l’Inde ne se lancerait pas vers des pourparlers avec précipitation.
Depuis New York, Hina Rabbani Khar a ouvertement condamné les commentaires de la classe politique indienne et a mis en garde contre une surenchère en évoquant le comportement belliciste de l’Inde. Elle appelle au dialogue et à surmonter un passé fait d’hostilités entre les 2 pays. « Au lieu d’émettre des commentaires belliqueux et de faire monter la tension, il serait préférable pour nos 2 pays de discuter des questions relatives à la Ligne de Contrôle dans un esprit de respect pour le cessez-le-feu » déclare-t-elle depuis le Council for Foreign Relations. Elle ajoute que les récents incidents frontaliers ont engendré des questions mais que la Pakistan était ouvert au dialogue entre leurs ministres des affaires étrangères dans le but de mettre fin à cette crise.
En réponse aux propositions d’Hina Rabbani Khar, son homologue indien a déclaré que New Delhi n’était pas pressé de reprendre le dialogue mais que l’Inde avancerait à petits pas vers Islamabad. « Nos différences doivent être réglées mais pour cela nous devons procéder avec sagesse en gardant en tête les intérêts et les émotions de la nation. Nous allons attendre les décisions du premier ministre » déclare-t-il sur la chaine CNN-IBN. Salman Khurshid espère que le Pakistan comprend le fort message que l’Inde et son premier ministre lui adressent. Mardi, Manmohan Singh avait indiqué « que l’Inde ne pouvait pas faire comme si rien ne s’était passé» après l’assassinat de 2 soldats indiens.
Hina Rabbani Khar a également de nouveau démenti les accusations de décapitation et a affirmé qu’une enquête n’avait établi « aucune preuve » de la mort des deux soldats indiens. Ces commentaires risquent de provoquer un regain d’indignation en Inde. Les quotidiens indiens estimaient que les déclarations de Manmohan Singh révélaient une frustration croissante de New Delhi face au déni de responsabilité d’Islamabad.
Dans la presse indienne, certains éditorialistes ont noté le changement de ton dans le discours du gouvernement. Manmohan Singh, considéré comme un modéré semble avoir cédé aux tenants d’une ligne dure. « Ces derniers jours, un discours de plus en plus nationaliste tourne en boucle sur les chaines d’informations et dans les médias. Le gouvernement semble avoir échoué à faire comprendre que de préserver le dialogue avec le Pakistan était une nécessité » lit-t-on dans un éditorial de The Indian Express.
Sur le terrain, un cessez-le-feu s’est installait jeudi dans la région disputée du Cachemire après un accord entre les armées indienne et pakistanaise pour mettre fin aux heurts frontaliers qui ont fait planer une menace sur le fragile processus de paix entre les deux puissances nucléaires. Après l’appel au dialogue de la chef de la diplomatie pakistanaise pour tenter d’apaiser les tensions le long de leur frontière de facto, des responsables militaires signalaient jeudi un retour au calme dans cette zone sensible où cinq soldats des deux armées ont été tués.
« Aucun nouvel incident impliquant des coups e feu ou une violation de l’accord de cessez-le-feu n’a été signalé depuis cet accord » souligne un porte-parole de l’armée indienne au Cachemire.
Sources :
BBC (Grande-Bretagne) en VO.
The Indian Express (Inde) en VO.
The Times of India (Inde) en VO.
Julien Lathus