La revue américaine Foreign Policy vient de publier son top 100 des intellectuels les plus influents du monde. Ce classement qui voit la première place raflée par la politicienne birmane, Aung San Su Kyi est marquée par une entrée en puissance de la jeune pakistanaise, Malala Yousafzai, 15 ans, qui prend la sixième place pour son influence intellectuelle. En octobre dernier, elle a miraculeusement survécu à une attaque des talibans. Alors qu’elle rentrait en bus chez elle, dans la vallée de Swat, elle reçut une balle dans la tête pour avoir, selon son agresseur « insulter les soldats d’Allah ».
Elle s’est fait connaitre en 2009 pour son blog dans lequel elle racontait les horreurs de la vie quotidienne sous le régime des talibans qui gangrène cette région du nord du Pakistan. Elle affichait particulièrement ses inquiétudes envers l’interdiction pour les filles d’accéder à l’éducation. Ces écrits qui offraient aux lecteurs une vision sur le totalitarisme taliban au Pakistan ont fréquemment été comparées au Journal d’Anne Franck, mais dans les temps actuels et dans la Vallée de Swat.
Malala a été élue à la sixième place dans les lecteurs du magazine pour « sa résistance aux talibans et tout ce qu’ils représentent ». Pourtant, plusieurs questions émergent face à cette position et même au personnage.
Il a été souligné que Malala n’avait que 11 ans quand son journal intime a été publié sur la BBC sous le nom de Gul Makai, une héroïne du folklore pashtoune. De nombreuses personnes se sont alors interrogées sur la manière dont une fille de cet âge, dans un endroit aussi reculé pouvait écrire sur la politique. En fait, le journal de Gul Makai, qui s’est tenu en 2009 pendant 10 semaines a été écrit par Abdul Hai Kakar, journaliste pour la BBC en oudrou de Peshawar. Le 12 octobre dernier, il avait indiqué au journal Express News qu’il avait une conversation avec Malala par téléphone durant 30 minutes tous les jours au cours de laquelle elle lui indiquait ce qu’elle ressentait et ce qu’elle éprouvait.
Parallèlement à son blog, Malala est apparue au grand public avec le documentaire d’Adam B Ellick, Class Dismissed, produit par le New York Times en 2009. Agée de 11 ans pendant le tournage, elle fait preuve d’une importante maturité en rencontrant le représentant officiel de Barack Obama au Pakistan et en Afghanistan, Richard Holbrooke. Le documentaire souligne le rôle vital de cette jeune fille dans les opérations militaires anti-talibans dans la Vallée de Swat.
Elle accède à la notoriété en octobre 2011 quand Desmond Tutu, prélat sud-africain et militant des droits de l’homme a annoncé la nomination de Malala au Prix International des Enfants pour « son utilisation des média internationaux pour faire connaitre au monde que les filles ont le droit d’aller à l’école ».
Alors que de nombreux petits Pakistanais utilisent leurs blogs, Malala a été sélectionnée par les ONG occidentales pour incarner une icône anti-taliban. Avec cette nouvelle position, elle est invitée par les gouvernements, les diplomates et les officiels.
Ces plans se poursuivent puisque l’UNESCO cherche a annoncé le 10 novembre vouloir célébrer la Journée de Malala le 10 décembre. Les objectifs semblent nobles mais les conséquences sont plus sombres. Malala est toujours dans un hôpital britannique en soin et cette innocente fille est devenue un pion sur l’échiquier d’un nouveau Grand Jeu.
Sources :
The Atlantic (USA) en VO.
Counter Currents (Inde) en VO.
Foreign Policy (USA) en VO.
Julien Lathus