L’Inde et le Pakistan face à la crise syrienne.

Alors que la Syrie compte chaque jour plus de morts dans les violences qui secouent le pays depuis de longs mois, comment se placent l’Inde et le Pakistan dans le concert des nations sur cette crise ?

Assemblée génrale de l’ONU à New York parMon Labiaga Ferrer, flickr

Les deux pays sont actuellement membres non-permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU. Depuis ces dernières semaines, de nombreuses voix se sont fait entendre concernant l’efficacité de cet organe de l’ONU. L’Assemblée générale de l’ONU a adopté vendredi 3 août une résolution dénonçant le pilonnage des villes rebelles par l’armée syrienne et appelant au départ de Bashar Al-Assad, tout en critiquant l’impuissance du Conseil de Sécurité à faire pression sur Damas.

Cette résolution a été adoptée par 133 voix. La Russie, la Chine et l’Iran font partie de 12 pays à l’avoir rejetée et 31 autres se sont abstenues, dont l’Inde et le Pakistan.

L’Inde semble s’être abstenue en raison d’un différend avec la proposition de la Ligue Arabe portée par l’Arabie Saoudite sur le sort du président Al-Assad. Après le vote, l’Inde a défendu sa position en affirmant soutenir le plan qui condamne les hostilités entre les deux camps et l’utilisation d’armes de guerre par les forces syriennes.

En revanche, le représentant permanent indien à l’ONU, Hardeep Puri n’est pas d’accord avec les mentions du projet de résolution poussant le président syrien à un départ du pouvoir. « Il est dommage que cet élément ne soit pas retiré de la présente résolution. Il est l’unique raison de notre abstention à ce vote » explique-t-il.

Du côté pakistanais, l’abstention au vote de la résolution semble motivée avant tout par le manque d’unité et d’esprit constructif sur la question syrienne de la part des nations. « Nos appels répétés à l’unité et à une approche consensuelle pour le Conseil de Sécurité n’ont pas trouvé écho. Cela ne nous laissé que cette option, en nous dissociant de ce scénario de division dans lequel se laisse absorber le Conseil. Voilà les raisons de notre abstention » a déclaré l’ambassadeur pakistanais Raza Bashir Tarar.

Le 4 février dernier, les deux pays apparaissaient néanmoins unis avec les USA, la Grande-Bretagne et la France dans le vote d’une résolution pressant Bashar Al-Assad au départ. Le véto chinois et russe avait bloqué pour la seconde fois la diplomatie mondiale sur la question syrienne.

Sous la proposition pakistanaise, le Conseil de Sécurité avait adopté le 20 juillet dernier une résolution prolongeant de 30 jours le mandat des observateurs de l’ONU en Syrie. Durant les négociations, le Pakistan avait déployé toute ses forces pour que le Conseil de Sécurité soit uni et qu’il soutienne le travail de Kofi Annan.

Aujourd’hui, le Conseil de Sécurité de l’ONU peine à parler d’une seule voix alors que des milliers de Syriens ont perdu la vie dans l’épisode le plus meurtrier du printemps arabe. Les vétos répétés de la Russie et de la Chine ont probablement sapé l’espoir pakistanais d’une résolution de la crise. L’Inde quant à elle ne suit plus la ligne des occidentaux qui cherchent à évincer Bashar-Al-Assad et se place dans une optique de résolution politique avec tous les partis.

Sources :

The Express Tribune – International Herald Tribune (Pakistan) en VO.

The Nation (Pakistan) en VO.

The Times of India (Inde) en VO.

Julien Lathus