Vendredi dernier, le Bangladesh et le Bengale Occidental indien ont célébré le 113ème anniversaire de la naissance de Kazi Nazrul Islam, l’un des plus fameux poètes bengalis. 2012 marque également le 90ème anniversaire de la publication de son poème le plus connu : Bidrohi (le Rebelle).
Né le 24 mai 1899 dans le village de Churulia (Bengale-Occidental), Kazi Nazrul Islam a passé la plus longue partie de sa vie à Kolkata (Calcutta). Son poème Bidrohi, publié en 1922 fut une inspiration pour les Bengalis au cours des mouvements antibritanniques. Il est devenu plus tard connu sous le nom de Bidrohi Kobi, le poète rebelle.
Avant de tomber malade en 1942, il a beaucoup composé en bengalie sur les thèmes de l’amour, de la liberté et de la révolution. Malgré nombre de romans, de nouvelles et d’essais, il est plus connu pour son œuvre poétique sous la forme de chansons bengalies. Il en a écrit et mit en musique près de 4000, connues collectivement sous le nom de Nazrul Sangeet (chansons de Nazrul). Elles restent aujourd’hui très populaires.
A 43 ans, il commença à souffrir d’une maladie inconnue qui lui fit perdre la voix, sa mémoire et ses capacités mentales. Il a été dit qu’il aurait été empoisonné par les Britanniques. Un médecin autrichien pencha pour la maladie de Pick. Son déclin rapide le força à vivre isolé pendant de nombreuses années. A l’indépendance du Bangladesh en 1971, il fut invité par le gouvernement du Bangladesh à venir vivre à Dhaka avec sa famille. Il s’y installa en 1972 et y mourut 4 ans plus tard.
Il fut enterré à proximité de la mosquée du campus de l’université de Dhaka. Des dizaines de milliers de personnes ont assisté à ses funérailles. Le Bangladesh décréta 2 jours de deuil national et le Parlement indien observa une minute de silence pour honorer sa mémoire.
Les hommages au Bangladesh et en Inde.
Au Bangladesh, le première ministre Sheikh Hasina a inauguré vendredi un programme de 2 jours de festivités organisé avec l’Inde. Le ministre indien de la justice, Salman Khurshid était présent à cette inauguration dans le Centre International de Conférence Bangabandhu à Dhaka.
Après l’inauguration, des artistes ont rendu hommage à Kazi Nazrul Islam avec des chansons et des poèmes de son répertoire. La télévision d’état a retransmit le programme alors que les chaines privées ont diffusés de nombreux documentaires sur sa vie et son œuvre.
A Kolkata (Calcutta), une célébration s’est tenue en présence d’Abida Islam, haute commissaire du consulat du Bangladesh. « Kazi Nazrul Islam a joué un rôle crucial en cimentant les liens entre nos deux nations. Il a tant œuvré pour renforcer la relation entre le Bangladesh et le Bengale Occidental au travers de ses chansons » affirme-t-elle.
Sheikh Hassina se prononce pour un Bangladesh égalitaire, sur les principes de ses grands hommes.
Au cours de l’inauguration des 2 jours de festivités de Dhaka, le première ministre du Bangladesh, Sheikh Hassina a demandé à son peuple de construire un « Sonar Bangla » (un Bangladesh doré), libéré de l’oppression et de la pauvreté pour honorer les espoirs du poète national Kazi Nazrul Islam et ceux du père de la nation, Sheikh Mujibur Rahman.
« Nous voulons remplir les désirs des deux grands Bangladais. Nous voulons construire le Bangladesh sur le modèle de celui rêvé par Kazi Nazrul Islam et Sheikh Mujibur Rahman, en brisant le cercle vicieux de la pauvreté » a-t-elle déclarée à l’inauguration.
« Nazrul est le poète de l’égalité, le poète anti communalisme. Les personnes issues de toutes les classes de la société, sans distinction de religion, de croyances ou de richesse étaient toutes égalitaires pour lui. Nous voulons construire un Bangladesh où tous les citoyens auront des droits égaux. Il n’y aura aucune différence entre les citoyens. Les femmes pourront y jouir de droits justes. Je vous demande à tous d’œuvrer pour un tel Bangladesh » ajoute-t-elle.
« La rébellion était son ton d’écriture mais ce n’est pas sa seule caractéristique. Il était le poète de la beauté et de l’émotion. L’amour et la nature sont bien présents dans ses chansons. Nazrul est notre parent proche dans nos moments de joie et de peine » reprend-t-elle.
Après avoir récitée un couplet de Bidrohi, elle annonce que « ces couplets qui ont été écrits il y a 90 ans sont toujours dans chaque Bangladais et personne qui parle le bengali. Ils nous encouragent et nous procurent de la force pour lutter contre toutes sortes d’injustice, de privation ou d’exploitation ».
Après avoir rappelée les notions de liberté dans l’œuvre de Kazi Nazrul Islam, elle a évoquée les nombreux monuments en construction et ceux planifiés à travers le pays pour rendre hommage au poète national.
http://youtu.be/uwcJHGJ313A
Récitation en bengalie du poème Bidrohi.
Sources :
Bdnews24 (Bangladesh) en VO.
The Daily Star (Bangladesh) en VO.
The Times of India (Inde) en VO.
Julien Lathus