Mouvement de grève et protestations ont rythmé la matinée de dimanche à Dhaka, la capitale du Bangladesh en opposition à la décision du gouvernement d’augmenter les tarifs du gaz naturel. A l’appel de l’Alliance Démocratique de Gauche et soutenus par l’ensemble de l’opposition politique à la première ministre Sheik Hasina, les protestataires ont bloqué plusieurs carrefours dans la ville semant la pagaille dans les transports. Si la police a procédé à quelques brèves interpellations, la démonstration s’est néanmoins déroulée dans le calme.
Le 1er juillet dernier, sous l’impulsion de la Commission de Régulation de l’Énergie est entrée en vigueur une hausse des prix du gaz naturel de 32,8 % pour tous les utilisateurs, passant de 7,38 Tk (0,08 €) à 9,8 Tk (0,10 €) pour un mètre-cube.
Face à cette mesure qui risque d’impacter lourdement les foyers les plus pauvres, l’Alliance Démocratique de Gauche veut aller encore plus loin que cette demi-journée de mobilisation et lance un ultimatum au gouvernement. Si la hausse n’est pas retirée dans la semaine, elle prévoit de mobiliser ses partisans pour lancer un siège contre le ministère de l’énergie dimanche prochain.
Le patronat est également mécontent de cette décision et exprime ses inquiétudes quant à l’impact de cette hausse sur leurs coûts de production estimé à 1 %. « Cela ne paraît pas énorme en terme de pourcentage mais pour une entreprise qui se bat pour chaque pièce pour sa survie, ce sera un coup dur » explique Rubana Huq, présidente d’une association des patrons du textile, dont le secteur représente la colonne vertébrale de l’économie bangladaise.
Au lendemain de cette action, la première ministre Sheik Hasina a justifié cette hausse est expliquant que le peuple devrait accepter cette décision pour soutenir le développement économique du pays alors que le gouvernement doit importer du gaz naturel à un coût important. « Si vous voulez réellement le développement économique du pays, vous devez alors accepter cette hausse » a t-elle expliqué à des journalistes à son retour d’une visite en Chine.
Pour défendre cette politique qui offre actuellement au Bangladesh un taux de croissance à plus de 8 %, elle explique que l’état importe du gaz à 61 Tk (0,67€) le mètre-cube pour le redistribuer à 9,8 à compter du 1er juillet en soutenant la différence de prix entre l’achat et la redistribution. « Même après cette hausse, l’état continue d’assurer une aide à hauteur de 10 000 crore TK ( 1,1 milliards €) par an» conclut-elle sur le sujet, bien décidée, semble-t-il, à ne pas vouloir retirer cette hausse.
Julien Lathus