Le tigre est un symbole national dans le sous-continent indien, que ce soit dans les légendes locales, dans l’Inde ancienne où il est le symbole de la royauté ou encore sous des traits malfaisants dans le Livre de la Jungle. Ces dernières décennies, la population de ces grands félins s’est considérablement réduite. Aujourd’hui, les autorités indiennes réagissent à cette tragédie.
Mardi 24 juillet, la cour suprême indienne a décidé d’interdire l’accès de la plupart des parcs où vivent les tigres aux touristes. Selon elle, cette mesure vise l’incapacité des états à protéger l’espèce en danger.
En attendant plus d’information de la part de la Cour, le cœur des réserves où vivent les tigres ne sera plus voué au tourisme. Cette mesure est à effet immédiat.
La décision a été prise en réponse à la plainte d’intérêt public émise par l’activiste pour la cause animalière, Ajay Dubey. Il demandait à ce que le tourisme soit restreint à une zone tampon à l’orée des réserves pour protéger les tigres.
Cette mesure pourrait coûter des millions de dollars en moins pour le secteur touristique indien mais il va permettre de ralentir la chute vertigineuse du nombre de ces grands félins. L’Inde est le foyer de plus de la moitié de la population mondiale des tigres. Ils sont estimés à environ 1700 spécimens alors qu’ils étaient plus de 100 000 au début du XXème siècle.
Les organisations de défense animalière estiment à près de 3000 le nombre de tigres restants dans le monde. Leur nombre aurait réduit de 7000 en une décennie.
Le nombre de visiteurs dans la quarantaine de parcs où vivent les tigres a explosé ces dernières années en raison de l’essor du tourisme intérieur. Ce mouvement s’est accompagné de construction d’infrastructures dédiées au tourisme comme des hôtels et des piscines aux portes des parcs. Tout cela sans compter les safaris en jeep à l’intérieur du parc et les nuisances lors des célébrations de la nouvelle année.
En 2010, une enquête sur les tigres, conduite en Inde par la World Wild Fund (WWF) en Inde a démontré que le territoire du tigre s’est rétrécit de manière alarmante créant une situation grandissante de conflit entre les tigres et les humains autour des réserves.
Certains experts en Inde avaient auparavant dénoncé les propositions d’interdire les touristes dans les parcs. Prévoyant un désastre, ils rappelaient que la présence de touristes aidait à protéger les tigres contre les braconniers.
Sans surprise, les tour-opérateurs se sont montrés contre cette interdiction. « Un tourisme bien maitrisé peut avoir des conséquences positives pour les tigres » déclarait l’année dernière le lobby Tour Opérateur pour les Tigres. « De nombreuses zones dans les réserves des tigres qui sont ouvertes aux touristes montrent la plus grande concentration de ces animaux dont des tigresses allaitant. De plus, des preuves montrent que le territoire des tigres a réduit dans certaines zones après que le tourisme y fut interdit » ajoutait-t-il.
La décision de la Cour suprême met fin à certains contentieux. Cette année, la Réserve des tigres de Bandipur dans le Karnataka avait chassé des scientifiques qui y étudiaient les tigres depuis 3 ans. Les responsables de la réserve affirmaient qu’ils déplaçaient les touristes pour donner plus de territoire aux tigres.
Les touristes et les professionnels du secteur ne sont pas les seuls à être affectés par la protection nécessaire des tigres. En février 2012, un village entier a été déplacé au Rajasthan pour protéger les grands félins.
Malgré les mesures, le braconnage et les conflits entre les tigres et les populations vivant dans l’environnement des réserves restent des problématiques importantes.
Sources :
AFP (France) en VO.
India Ink – The New York Times (USA) en VO.
The Daily Star (Bangladesh) en VO.
Julien Lathus