L’Everest contribue-t-il au développement du Népal ?

Hier, le 29 mai, on célébrait le 60ème anniversaire de la conquête du toit du monde. C’est l’occasion de s’interroger sur les répercussions de l’industrie montagnarde dans l’un des pays les plus pauvres du monde. Là où les sherpas bénéficient des envies de frissons et …

Hier, le 29 mai, on célébrait le 60ème anniversaire de la conquête du toit du monde. C’est l’occasion de s’interroger sur les répercussions de l’industrie montagnarde dans l’un des pays les plus pauvres du monde. Là où les sherpas bénéficient des envies de frissons et de challenges de la part des alpinistes du monde entier, le développement reste inégal.

KhumjungDawa Steven Sherpa est le nouveau visage du Népal. Né à Khumjung, un village au pied de l’Everest. A 20 ans, il est diplômé de commerce d’une université britannique, il parle 5 langues et il est le directeur d’une compagnie de trek et d’alpiniste basée à Katmandou qui connaît un immense succès. Il a gravit par 2 fois l’Everest et cette semaine, il a été évacué par hélicoptère des pentes du Dhaulagiri, la septième montagne du monde après qu’un alpiniste japonais ait succombé à 7700 mètres d’altitude d’épuisement.

L’Everest et le trek sont devenus ce qui permettent aux 3 générations de la famille de prospérer. Son père, Ang Tshering fut l’un des premiers étudiants de l’École de Sir Edmund Hilary, le vainqueur de l’Everest, fondée en 1955 avec le soutien de son organisation philanthropique Himalaya Trust. Son grand-père, à peine éduqué était porteur pour l’expédition d’Hillary. Sinon il était berger, conduisant des yaks dans les rares pâtures. Plus que n’importe qui, il est le témoin d’une immense transformation de la communauté locale. Alors que ces représentants étaient l’un des peuples les plus pauvres, vivant dans un milieu hostile, les villages qui s’étendent au pied de l’Everest font parties des plus prospères du Népal.

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Le développement économique fera-t-il disparaître ses images de Sherpas ?

La région de Khumbu, dans le nord-est est au cœur du pays Sherpa. Cette bouillonnante région engendre des millions d’€ par an provenant des centaines d’expédition entrepris depuis les villages. Depuis 60 ans, les Sherpas y vivent de l’économie de l’alpinisme extrême. Simples porteurs au début, ils sont devenus leurs propres chefs d’entreprise, sous-traitant le convoyage du matériel à d’autres groupes ethniques népalais. Les Sherpas indiquent gagner entre 7 à 10 fois le salaire moyen qui a cours au Népal.

Cette situation a considérablement amélioré la vie et la condition sociale des Sherpas qui peuvent maintenant envoyer leurs enfants dans les meilleures écoles. La nouvelle génération passe son temps entre Katmandou et l’étranger et aspirant à devenir pilote d’avion, médecin ou encore ingénieur. « L’Everest est une grosse entreprise. Les gens y étaient autrefois pauvres, vivant avec difficultés. Quand l’alpinisme est arrivé, ça a été un véritable progrès. Cela nous a changé, oui, mais je pense que nous avons puisé le meilleur de l’influence occidentale tout en conservant notre culture » explique Dawa.

Le tourisme est maintenant le secteur le plus important du pays et il concentre la quasi totalité d’entré des devises étrangères sur son sol. Plus de 700 000 étrangers se rendent au Népal chaque année, la plupart pour s’adonner à des aventures entre 60 et 8848 mètres d’altitude. Autour des sites les plus fameux de ce tourisme, on enregistre une meilleure alimentation, l’accès à l’eau et les conditions de vie sont améliorées.

Mais la plupart du pays n’a pas la chance d’être aussi chanceuse et le développement peut s’avérer coûteux. La pollution de l’air et les monstrueux embouteillages de Katmandou sont parmi les pires au monde, le chômage est massif et la majorité de Népalais vient d’une agriculture de substance. De nombreux jeunes Népalais sont embauchés comme manœuvres dans les pays du Golfe et moins de la moitié des enfants vont à l’école.

Depuis quelques années, le Népal est aussi sur le front du changement climatique. Les populations sont vulnérables aux coulées de boue, aux éboulements et aux inondations. Les glaciers reculent également. « Mon grand-père faisait paître des yaks sous le glacier de Gokio. Il pouvait alors marcher sur la glace mais maintenant il n’y a plus rien. Tout a fondu, ne laissant qu’une pente dévasée, faite de cailloux » constate Dawa.

Julien Lathus

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