Lettre contre l’expulsion du Pakistan du journaliste Declan Walsh.

Vendredi, des médias du monde entier ont transmis au nouveau ministre pakistanais de l’information, Pervaiz Rashid, une lettre de protestation contre l’expulsion, en mai dernier, de Declan Walsh, chef du bureau d’Islamabad pour le New York Times.
Aux premières heures du 9 mai dernier, à 2 …

Vendredi, des médias du monde entier ont transmis au nouveau ministre pakistanais de l’information, Pervaiz Rashid, une lettre de protestation contre l’expulsion, en mai dernier, de Declan Walsh, chef du bureau d’Islamabad pour le New York Times.

Expulsé du Pakistan en mai dernier, plusieurs grands titres de presse ont pris la défense de Declan Walsh.

Expulsé du Pakistan en mai dernier, plusieurs grands titres de presse ont pris la défense de Declan Walsh.

Aux premières heures du 9 mai dernier, à 2 jours des élections générales, des officiers de police se sont présentés au domicile d’Islamabad de Declan Walsh, journaliste au Pakistan depuis 9 ans pour le Guardian puis pour le New York Times. Dans 2 lettres qui lui ont été remises, ce journaliste, très respecté dans le milieux, apprenait que son visa avait été annulé en raison « d’activités indésirables ». Sans plus de détails, les autorités intérimaires lui donnaient 72 heures pour quitter le pays.

« Nous écrivons (cette lettre) pour protester face à la récente décision du gouvernement pakistanais d’expulser le chef du bureau d’Islamabad du New York Times, Declan Walsh, sans que des accusations eussent été formellement signifié contre lui, et sans qu’il puisse répondre de cette décision » peut-t-on lire dans cette doléance signée par des responsables d’organisations médiatiques comme Associated Press, la BBC, le Guardian, France 24 ou encore le Wall Street Journal.

« Le gouvernement pakistanais n’a cessé de dire qu’il défendait la liberté de la presse mais la manière dont Declan Walsh fut expulsé montre l’inverse de cet engagement et cela menace l’ensemble de la communauté des journalistes du pays… Nous reconnaissons entièrement le droit légal qu’a le gouvernement pakistanais à contrôler les entrées dans son pays comme son droit à accréditer des journalistes étrangers. Mais nous ne sommes pas d’accord avec les pressions pouvant nuire à la liberté de la presse » soutiennent les signataires de cette lettre qui soulignent la respectabilité de leur confrère, « un homme intègre, nuancé et qui s’en tient aux faits dans ses reportages ».

« Par cette lettre, nous demandons au gouvernement pakistanais de rétablir le visa de Mr. Walsh et de le laisser retourner au Pakistan, en accord avec les engagements du pays pour une presse libre ».

Contacté par le quotidien pakistanais The Express Tribune, le ministre de l’information, Pervaiz Rashid, indique qu’il n’a pas encore vu cette lettre et qu’il ne peut se résoudre à un commentaire pour le moment. « Quand je recevrai cette lettre, je parlerai avec le ministre de l’intérieur et nous déciderons de ce que nous ferons après » explique-t-il.

Aujourd’hui, le journaliste irlandais a été temporairement réassigné en Afrique du Sud par son employeur. « Il s’agit d’un poste temporaire. Nous espérons toujours que son visa pakistanais soit restauré » déclare Danielle Rhoades Ha, directrice de la communication du célèbre quotidien américain. Pour Fasih Ahmed, journaliste pour Newsweek Pakistan, Declan Walsh aurait été la victime d’une vengeance personnelle émanant des milieux bureaucrates du ministère pakistanais de l’intérieur.

Pour beaucoup, cette expulsion est un signe de plus de la détérioration de la liberté de la presse au Pakistan. Dans le rapport 2013 de Reporters Sans Frontières, le Pakistan se place à la 159ème place sur 179 pays, avec une baisse continue depuis 2011. Même tendance chez Freedom House pour qui la presse n’est pas libre au Pakistan, « un pays où règne un climat d’impunité intolérable ».

En attendant de pouvoir rentrer au Pakistan, Declan Walsh poursuit ses activités de journaliste en Afrique du Sud en couvrant l’inquiétude grandissante du pays face à la santé de Nelson Mandela. Sur son compte Twitter, il remercie chaleureusement ses collègues journalistes pour leur lettre au ministre de l’information, en espérant que cette demande atteigne son « bon sens ».

Julien Lathus.

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