Les Talibans pakistanais confirment la mort d’un de leurs dirigeants

Le mouvement des Talibans pakistanais, sous la bannière du TTP, a confirmé la mort de Sajna Mehsud, le chef de la faction Mehsud au sein de ce conglomérat. C’est un drone américain qui a mis fin à une chasse à l’homme de 3 années durant …

Le mouvement des Talibans pakistanais, sous la bannière du TTP, a confirmé la mort de Sajna Mehsud, le chef de la faction Mehsud au sein de ce conglomérat. C’est un drone américain qui a mis fin à une chasse à l’homme de 3 années durant lesquelles ce cadre avait échappé à plusieurs tentatives d’élimination. Dans un message publié sur le compte officiel du groupe sur Telegram, il est écrit que Sajna a été tué le 8 février dans les zones tribales du Waziristan du Nord.

Cette déclaration du TTP met fin à l’incertitude qui planait sur le sort de ce dirigeant après le tir du drone. Les Pakistanais avaient déclaré qu’il avait été tué en Afghanistan dans la province de Paktika, une version qui les arrangeait car ils ont toujours affirmé que le groupe des Talibans pakistanais opérait seulement depuis l’Afghanistan, alors qu’en fait, le TTP possède une assise territoriale des 2 cotés de la frontière.

Dans le communiqué confirmant la mort de Sajna, le TTP annonce que Mufti Noorali Mehsud, « un proche de Sajna » allait prendre la direction du groupe Mehsud tout en renouvelant son allégeance à Mullah Fazullah, le haut dirigeant du TTP. Sajna Mehsud est le troisième émir du TTP à être ainsi éliminé par les USA. En août 2009, Baitullah Mehsud, premier chef de la puissante faction Mehsud du TTP avait été tué par un drone américain au Waziristan du Sud et son successeur, Hakeemullah Mehsud connu la même fin en novembre 2013, au Waziristan du Nord cette fois.

Sajna Mehsud pris la direction de la faction Mehsud après la mort de Hakeemullah en dépit des luttes internes au mouvement taliban pakistanais. Sajna avait rompu ses liens avec le TTP après que Mullah Fazullah fut promu à la place d’Hakeemullah comme chef de la branche de Swat. C’est en février 2017 que Sajna réintégra le TTP en étant nommé émir-adjoint au sein du groupe.

Le gouvernement américain avait placé Sajna dans sa liste des terroristes les plus recherchés et la CIA avait tenté de l’atteindre à plusieurs reprises au cours des 4 dernières années. Il fut la cible d’un tir de drone pour la première fois en 2015 au Waziristan du Sud. Sa faction fut à l’origine de plusieurs attaques de grandes envergures dans la région comme en mai 2011 où 2 navires militaires américains furent détruits dans la base navale de Mehran à Karachi ou comme en 2012 quand un commando libéra un important commandant djihadiste passé par Al-Qaeda de la prison de Bannu dans l’ouest du Pakistan. Selon les renseignements américains, Sajna était jusqu’à sa mort un allié proche d’Al-Qaeda dont le clan, les Mehsud a offert hospitalité et soutien au groupe cofondé par Oussama Ben Laden. Par ailleurs, de nombreux cadres de cette dernière organisation ont été abattu par des drones américains depuis 2004 sur le territoire des Mehsud.

Le reprise du ballet des drones américains au Pakistan

L’administration Obama avait mis un terme à la campagne de tirs ciblés de drones au Pakistan après l’élimination de Mullah Mansour, chef des Talibans afghans au Baloutchistan en mai 2016. Depuis l’accession de Donald Trump à la Maison Blanche, cette politique fait l’objet d’un renouveau comme le prouve les 8 tirs de 2017. L’attaque contre Sajna est la quatrième en 2018. Un peu plus tôt cette année, un drone avait tué 3 membres du Réseau Haqqani, un puissant groupe des Talibans afghans dans une attaque de le Waziristan du Nord.

Cette nouvelle dynamique est le reflet des crispations entre l’administration américaine et pakistanaise alors que Donald Trump a adopté une position plus musclée envers le Pakistan depuis l’été dernier quand le président américain a accusé le Pakistan d’abriter des sanctuaires pour les groupes terroristes de la région et de soutenir les Talibans afghans. Le 1er janvier dernier, le président Trump avait à nouveau fustigé le Pakistan, l’accusant de ne rien faire et de mentir sur le dossier du terrorisme régional.

Julien Lathus

Add comment