L’éditorial du 15 octobre – La Russie dans la dance indo-pakistanaise.

La fin du mois de septembre a été marquée par le retour de la Russie dans la sphère indo-pakistanaise. Entre les contrats gaziers, le commerce des armes et la diplomatie traditionnelle, comment Moscou déplace ses pions dans le sous-continent indien, en se rapprochant du Pakistan …

La fin du mois de septembre a été marquée par le retour de la Russie dans la sphère indo-pakistanaise. Entre les contrats gaziers, le commerce des armes et la diplomatie traditionnelle, comment Moscou déplace ses pions dans le sous-continent indien, en se rapprochant du Pakistan au détriment de l’Inde ?

Le Pakistan et la Russie par eurasiareview

Depuis ses derniers temps, la Russie s’est rapprochée du Pakistan. Le président Vladimir Poutine devait même se rendre au Pakistan pour une visite officielle et pour assister à un sommet de stratégie régionale entre son pays, le Pakistan, le Tadjikistan et l’Afghanistan les 2 et 3 octobre. Une  semaine avant, Poutine a décliné l’invitation et le sommet a été reporté. « Je suis confiant que dans le futur, nous trouverons une opportunité pour un rendez-vous personnel. Nous serons toujours heureux de vous accueillir en Russie » a expliqué Vladimir Poutine dans une lettre à l’attention du président pakistanais Asif Ali Zardari.

Ce retournement de situation a été considéré comme une mauvaise nouvelle pour le Pakistan. Cette visite aurait été perçue comme un signal de l’émergence d’une réalité diplomatique entre la Russie et le Pakistan au moment où leurs intérêts vont se croiser dans le retrait des troupes de l’OTAN d’Afghanistan en 2014.

Malgré cette déception, le Pakistan souhaite poursuivre ce processus de rapprochement. C’est ainsi que le chef des armées pakistanaises, le Général Parvez Kayani s’est rendu à Moscou le 6 octobre pour une visite de 3 jours. Si les questions de coopération militaire ont été abordées, l’Afghanistan semble avoir eu une place importante dans les négociations, puisque Moscou s’inquiète de l’extrémisme religieux en Asie Centrale et que la Russie voit dans le Pakistan un acteur-clé de la région.

Sergei Lavrov et Hina Rabbani Khar par Stingers

Quelques jours plus tôt, le ministre russe des affaires étrangère, Sergei Lavrov était attendu en Inde. Il a préféré, au dernier moment atterrir au Pakistan où il s’est entretenu avec son homologue pakistanaise, Hina Rabbani Khar. Ces deux visites ont bouleversé New Delhi : la Russie est un allié de l’Inde et son principal fournisseur d’armes.

Vladimir Poutine et Manmohan Singh en 2010 par indiavision, flickr

La presse indienne a été unanime sur le traitement de cette information. Le rapprochement entre la Russie et la Pakistan est une réalité avec laquelle l’Inde va devoir vivre. En juillet dernier, ce rapprochement russo-pakistanais avait fait l’objet d’une demande indienne au cours de la visite du diplomate Dmitry Rogozin à New Delhi. Manmohan Singh, le premier ministre indien lui avait demandé que le président Poutine annule sa visite au Pakistan en octobre afin que le sommet entre l’Inde et la Russie, prévu en novembre soit intact. Mr Rogozin s’y était opposé.

Pourtant, la Russie est claire : le rapprochement avec le Pakistan ne signifie la fin de l’engagement du pays avec l’Inde. Mais New Delhi sait maintenant qu’elle n’a plus de relations exclusives avec la Russie. Cette dernière a vendu des hélicoptères au Pakistan pour un usage civil qui peuvent être militarisés avec le minimum de technique.

Face aux craintes indiennes dans ce secteur, Dmitry Rogozin a assuré à l’Inde que la Russie ne vendrait pas d’armes à son « ennemi ». « Vous devez comprendre que nous ne traitons pas avec vos ennemis. Nous ne leur fournirons pas d’armes… Si vous avez la preuve du contraire, vous pourrez me cracher au visage » s’est exprimé de manière élégante le diplomate russe qui sera à New Delhi cette semaine pour préparer le sommet indo-russe.

L’Inde doit maintenant vivre avec ce renversement diplomatique, d’autant que la Russie resserre son engagement avec d’autres pays de la région comme le Bangladesh et le Sri Lanka.

Sources :

The Express Tribune – International Herald Tribune (Pakistan) en VO.

The Hindu (Inde) en VO.

The Mail Online (Grande-Bretagne) en VO.

 Julien Lathus

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