Le sous-continent en 2012 selon Foreign Policy et The Economist.

Le magazine américain bimensuel Foreign Policy et l’hebdomadaire britannique The Economist ont publié leurs essais de classement des états du monde. Le premier s’est concentré comme à son habitude sur la notion d’état en déliquescence (failed states) alors que le second s’est focalisé sur le …

Le magazine américain bimensuel Foreign Policy et l’hebdomadaire britannique The Economist ont publié leurs essais de classement des états du monde. Le premier s’est concentré comme à son habitude sur la notion d’état en déliquescence (failed states) alors que le second s’est focalisé sur le degré de pacifisme.

Armurerie en Inde par Eric.Parker, flickr

Ces deux classements ne représentent pas une vérité absolue mais restent des indicateurs importants dans les milieux concernés par les relations internationales et la géopolitique. Ils sont particulièrement suivis dans le monde anglo-saxon où ils sont en mesure d’influencer la politique étrangère.

Les résultats de ces classements font apparaitre le sous-continent comme une région particulièrement troublée et instable. Le Népal et le Bhoutan tirent leurs épingles du jeu en s’affichant comme les plus pacifiques.

 Le classement de Foreign Policy.

Pour établir son classement annuel, la revue américaine se base sur 12 indicateurs : 4 sociaux, 2 économiques et 6 politiques. Pour chacun des critères, une valeur de 1 à 10 est attribué et le score finale est le total des 12 indicateurs et se situe entre 0 et 120. Plus la note est élevée, plus le pays est en proie à la défaillance. Ce classement comprend 177 états.

Indicateurs sociaux :

–          la pression démographique

–           les mouvements de réfugiés et de déplacés internes

–          les cycles de violences communautaires

–          l’émigration chronique ou soutenue.

Indicateurs économiques :

–          les inégalités de développement

–          le déclin économique.

Indicateurs politiques :

–          la criminalisation d’état

–          la détérioration des services publics

–          les violations des droits de l’homme

–          les organisations formant un état dans l’état

–          l’émergence de factions au sein de l’élite

–          l’intervention d’autres puissances.

Pour 2012, la Somalie apparait comme le pays le plus défaillant avec un total de 114,9, suivi de la République Démocratique du Congo (111,4) et du Soudan (109,4).

Armurerie au Pakistan par Valerio Pandolfo, flickr

Avec une note de 101,6, le Pakistan est le premier pays du sous-continent dans le classement en se pointant à la 14ème place. Considéré dans une situation critique, le magazine impute cette position au fait que le Pakistan serait militairement obsédé par l’Inde et que son élite pillerait ce qu’elle peut sans payer de taxes.

Cette vision contraste pourtant avec les dernières volontés du pays qui cherche à normaliser ses relations avec l’Inde. Si l’armée pakistanaise détient un fort rôle dans les décisions étatiques, il faut néanmoins noter les nombreuses déclarations de son chef, Ashfaq Kayani qui s’est déclaré pour un retrait militaire du glacier du Siachen et pour une diminution des dépenses militaires (voir article The Indian Papers du 20 avril 2012 et du 5 mai).

Pour Robert D. Kaplan, analyste géopolitique pour Stratfor, société américain privée de renseignement, les raisons pour lesquelles le Pakistan tient cette place dans le classement tiennent dans l’artificialité même du Pakistan en tant que pays-puzzle coincé entre l’Inde et l’Asie centrale et créé par l’empire britannique à partir d’un sous-continent indivisible. Ces conclusions apparaissent néanmoins partielles et mériteraient une étude sociale et politique plus poussée.

A la seconde place régionale apparait le Népal qui obtient une note de 93 et se place au 27ème rang mondial. Les indicateurs de violences communautaires et d’inégalités de développement y sont particulièrement élevés.

Le Bangladesh et le Sri Lanka sont à égalité avec une note de 92,2 et se partagent la 29ème position. La démographie, les violences communautaires et l’émergence de factions au sein de l’élite en sont les causes principales de la place du Bangladesh alors que le Sri Lanka est épinglé pour ses réfugiés et ses violences entre communautés.

Avec 82,2, le Bhoutan se place à la 59ème position, principalement en raison d’inégalité de développement.

Ces 5 pays du sous-continent sont considérés par l’index du magazine comme en danger. L’Inde, avec un score de 78 points est à la 78ème place et les Maldives à la 88ème avec une note de 75,1. Ces deux pays sont alors mentionnés en situation critique.

En comparaison, la France se maintient à la 162ème place avec un score de 33,6 et les USA à la 159ème avec 34,8 points. Avec seulement 20 points, la Finlande apparait comme le pays le plus stable selon Foreign Policy.

Le Global Peace Index de The Economist.

En partenariat avec un jury d’experts mondiaux provenant d’instituts sur la paix ou de think tanks, The Economist a publié son classement des pays selon leur degré de pacifisme. Les facteurs utilisés pour ce classement sont au nombre de 23. Ils incluent le nombre de guerres ou conflits et leurs morts, les relations entre les pays, l’instabilité politique, la criminalité, le risque terroriste, le nombre de prisonniers, l’armement et les capacités militaires. Plus le score est bas, plus le pays est pacifique. Le classement se base sur 158 nations.

Au niveau du sous-continent indien, le Bhoutan et le Népal apparaissent comme les pays les plus pacifiques. Avec 1481 points, le Bhoutan se place à la 19ème position en raison de ses capacités militaires limitées (environ 6000 hommes) et de sa politique extérieure. Le Népal, à la 80ème place avec 2001 points montre une baisse dans les domaines des conflits et de l’importation d’armes. Ces deux pays sont devant les Etats-Unis qui sont à la 88ème place.

Le Bangladesh prend la 91ème place avec 2071 points. Le pays obtient une note particulièrement élevée dans la section des démonstrations violentes. De nombreuses grèves y ont lieu et ont souvent basculées dans la violence. La criminalité y apparait aussi comme un facteur important.

A la 103ème place se trouve le Sri Lanka, avec une note de 2145. Cette place est la conséquence de la facilité d’accès aux armes et à une certaine forme de criminalité politique. Depuis la fin de la guerre civile en 2009, le risque de conflit y apparait comme assez fort.

142ème, l’Inde cumule 2549 points. Le pays reste marqué par le conflit latent avec le Pakistan avec un fort potentiel armé. Son essai de missile du mois d’avril reste dans cette dynamique militaire intense (voir article The Indian Papers du 18 avril 2012). En raison de la menace terroriste, le pays obtient dans ce critère une note de vulnérabilité importante. Ce score est néanmoins atténué par la forte contribution indienne en Casques-Bleus.

Le Pakistan se place à la 149ème position sur 159 avec un score de 2833 points. L’activisme politico-religieux et le risque d’attentat ont largement pesé sur cette place, tout comme les capacités militaires du pays et son arsenal. Les critères du Global Peace Index montrent également une société assez violente mais comme pour l’Inde, le pays détient un beau score dans sa contribution de soldats de la paix en étant le second fournisseur au monde, derrière l’Inde.

Les Maldives n’apparaissent pas dans ce classement. En comparaison, la France obtient la 40ème place avec 1710 points en raison de ses fortes capacités militaires et son exportation d’armes.

Sources :

Index des Failed States de Foreign Policy (USA) en VO.

Index du Global Peace Index (Royaume-Uni) en VO

Foreign Policy (USA) en VO.

NYDailyNews (USA) en VO.

Julien Lathus.

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