Dans un entretien publié lundi, la ministre pakistanaise, Hina Rabbani Khar réaffirme que les États-Unis doivent s’excuser pour le raid de Salala qui a coûté la vie à 24 soldats pakistanais afin que les routes de ravitaillement de l’OTAN soient rouvertes. La ministre pakistanaise fut interviewée lors du Forum entre les États-Unis et le Monde Musulman à Doha, au Qatar qui s’est tenu du 29 au 31 mai.
Furieux après le raid meurtrier de drones en novembre, Islamabad avait fermé les routes de ravitaillement, vitales pour les troupes américaines et de la coalition, forçant l’OTAN a emprunter des routes plus longues et coûteuses par la Russie et l’Asie Centrale.
« Un Parlement représentatif de 180 millions de personnes s’est exprimé sur le sujet » a déclarée Khar dans une interview au magazine Foreign Policy en référence aux nouvelles directives pour les relations américano-pakistanaises adoptées par les juristes pakistanais qui demandent des excuses. « Des excuses américaines sont une chose qui était faisable le jour même de l’incident et c’est ce que notre partenariat ne demande plus mais exige » affirme-t-elle.
La relation oscillante entre Islamabad et Washington est maintenant au plus bas et avec les élections de novembre, Barack Obama ne semble plus pouvoir s’excuser envers le Pakistan sans se retrouver vulnérable face aux attaques de du candidat républicain Mitt Romney.
Le sommet de l’OTAN de Chicago s’est achevé il y a deux semaines sans un accord sur les routes de ravitaillement malgré la présence du président pakistanais, Asif Ali Zardari (voir article The Indian Papers du 22 mai 2012).
La ministre pakistanaise déclare pourtant qu’au-delà des défis politiques, les États-Unis devraient marcher selon leurs principes, c’est-à-dire faire « ce qui est considéré comme le mieux plutôt que ce qui est le plus populaire ».
Elle note que le Pakistan a ses propres obstacles politiques. « Pour nous, au Pakistan, la chose la plus populaire à faire maintenant serait de ne pas rouvrir les routes de ravitaillement pour l’OTAN. De les laisser fermées pour toujours » affirme-t-elle. « Si j’étais un conseiller politique du premier ministre, c’est ce que je lui conseillerais de faire. Mais je ne lui conseille pas de le faire car ce qui est en jeu est bien plus important pour le Pakistan que le simple fait de gagner une élection. »
Les routes à travers le Pakistan qui sont maintenant fermées depuis plus de 6 mois sont d’un enjeux crucial pour la logistique de l’OTAN dans le retrait des troupes et du matériel prévu pour la fin 2014. Jusqu’à présent, les officiels américains ont rejeté les demandes pakistanaises qui cherchent à augmenter le droit de passage de plusieurs milliers de dollars pour chaque camion franchissant la frontière.
Hina Rabbani Khar critique également l’emploi de drone par Washington pour frapper les militants dans les zones tribales pakistanaises, un programme qu’Obama semble avoir accru. « Si vous créer dix fois plus de cibles pour chaque cible programmée, rendez-vous un service ou handicap pour votre but de gagner la guerre ? » interroge-t-elle.
Une autre épine dans le contentieux des relations entre les États-Unis et le Pakistan réside dans la personne de Shakeel Afridi, le médecin pakistanais qui a aidé la CIA à découvrir où se trouvait le leader d’Al-Qaida, Osama Bin Laden en tenant un faux programme de vaccination et qui a été condamné à 33 ans de prison pour trahison en mai.
« En clair, mon opinion sur ce point est que nous n’avons pas besoin d’en faire une affaire qui en dépasse ses propres proportions » déclare-t-elle. « Mais je n’ai certainement pas envie que ce problème spécifique vienne assombrir notre relation ».
Sources :
Dawn (Pakistan) en VO.
Newsweek Pakistan (Pakistan) en VO.
Julien Lathus