L’appel de Mohammad Yunus pour les ouvriers du Bangladesh.

Muhammad Yunus, prix Nobel d’économie en 2006 est sorti de sa réserve pour s’exprimer sur la dernière catastrophe industrielle qui a coûté la vie à plus de 1000 personnes fin avril dans la banlieue de Dhaka. Pionnier du micro-crédit après avoir fondé il y a …

Muhammad Yunus, prix Nobel d’économie en 2006 est sorti de sa réserve pour s’exprimer sur la dernière catastrophe industrielle qui a coûté la vie à plus de 1000 personnes fin avril dans la banlieue de Dhaka. Pionnier du micro-crédit après avoir fondé il y a plus de 30 ans la Grameen Bank dans son pays d’origine, il a permit à 4 millions de Bangladais de bénéficier de meilleures conditions de travail. Dans une tribune du Guardian, il appelle les compagnies étrangères du textile à fixer un minimum salarial pour éviter de telles tragédies.

Mohammad Yunus.

Mohammad Yunus.

« Pour les Bangladais, la tragédie de l’usine de Savar est le symbole de notre échec en tant que nation. Aujourd’hui, le les âmes de ceux qui ont perdu la vie sous le Rana regardent ce que nous faisons et écoutent ce que nous disons. Le dernier souffle de ces âmes nous entoure » écrit l’économiste de 72 ans. Sans vouloir faire fuir les compagnies internationales d’un business aux intérêts mutuels, il demande l’instauration d’un salaire minimum pour les ouvriers. « Il devrait être de 50 centimes de l’heure, soit le double de ce qui est d’usage au Bangladesh. Un tel mesure apporterait une véritable réforme de l’industrie et pourrait aider à la prévention de tragédie comme celle du mois dernier » ajoute-t-il.

Plusieurs enseignes occidentales comme le britannique Primark ont reconnu se fournir à l’usine de Savar. Des décombres de l’usine, le bilan non définitif fait état de plus de 1120 morts. Le bâtiment avait été construit illégalement et d’importantes fissures étaient apparues les jours précédant l’effondrement. Les employés payés 20 euros par mois avaient été contraints de travailler en dépit des inquiétudes sécuritaires. Cette catastrophe, l’une des pires qu’est connue le monde industriel, a engendré de nombreuses critiques envers les compagnies internationales qui travaillent avec des usines locales. Un pan important de l’économie du Bangladesh qui figurent comme l’un des pays les plus pauvres en Asie.

Mohammad Yunus demande également une hausse de 50 centimes pour tout les vêtements étiquetés made in Bangladesh dans le but de financer une politique sociale envers les employés. « Est-ce-qu’un consommateur s’indignera de payer un vêtement 35,5 $ à la place de 35 $ ? Ma réponse est non, il ne fera même pas la différence. Si nous pouvions instaurer une hausse de 50 centimes, cela pourrait résoudre la plupart des problèmes auxquels font face les travailleurs comme l’éducation, la santé, la sécurité ou le logement » lit-t-on dans son appel.

Derrière les machines pour quelques centimes par jour.

Derrière les machines pour quelques centimes par jour.

Il voit même que ces 50 centimes supplémentaires peuvent être un formidable outil marketing. « Nous pourrions ajouter une étiquette spéciale pour chaque vêtement. Un slogan qui dirait : de la part d’ouvriers heureux au Bangladesh, avec nos remerciements » déclare Yunus qui est en prise avec le gouvernement bangladais depuis qu’il a été remercié de son poste de directeur de la Gareem Bank en 2011.

« La tragédie de l’usine de Savar est le symbole de notre échec en tant que nation » écrit-t-il. « Les fissures sur le Rana Plaza qui ont conduit à l’effondrement du bâtiment nous ont montré que nous ne faisons pas face aux défaillances de notre système. Nous, en tant que nation,nous nous perdrons dans les débris ».

Julien Lathus

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