Dimanche sanglant au Cachemire

Au moins 20 personnes sont mortes (4 civils, 13 militants suspectés et 3 soldats indiens) ce dimanche dans le Cachemire indien dans de violents affrontements avec les forces de sécurité. Plus de 70 autres ont été blessées au cours de la journée qui apparaît déjà …

Au moins 20 personnes sont mortes (4 civils, 13 militants suspectés et 3 soldats indiens) ce dimanche dans le Cachemire indien dans de violents affrontements avec les forces de sécurité. Plus de 70 autres ont été blessées au cours de la journée qui apparaît déjà comme l’une des plus violentes depuis de nombreuses années au Cachemire, en proie à une insurrection indépendantiste sur fond de conflit latent entre l’Inde et le Pakistan.

D’importantes manifestations anti-indiennes ont éclaté de part et d’autre du Cachemire quand des soldats indiens ont lancé une vaste opération de contre-terrorisme dans le sud de la région où New Delhi fait face à une résurgence du militantisme et de la lutte armée poussés par de jeunes militants friands de réseaux sociaux.

Ces dernières années, les jeunes Cachemiris ont démontré un soutien ouvert aux rebelles qui s’opposent à l’Inde en n’hésitant pas à s’engager dans des batailles de rues contre les troupes militaires en opérations contre des militants connus. Cette stratégie perdure en dépit des avertissements indiens promettant des actions fortes contre ceux qui jettent des pierres durant les opérations de contre-insurrection.

Ce dimanche 1 avril, des milliers de Cachemiris, surtout des jeunes ont battus les rues, chantant des slogans anti-indiens et appelant à la fin de l’occupation du Cachemire par l’Inde alors que l’armée indienne lançait des opérations contre des militants dans 3 villages du sud. Au cours de « la plus importante opération anti-terroriste de l’année », 13 militants ont été tué et c’est au moment de leurs funérailles que la situation a dégénérée. Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées pour assister à l’inhumation en lançant des slogans anti-indiens et d’autres appelant à la liberté, le tout ponctué de jets de pierres contre les forces de l’ordre qui ont répliqué avec des gaz, des plombs à air comprimé et des tirs à balles réelles.

Ce lundi, le Cachemire est sous étroite surveillance avec un déploiement renforcé de policiers et de troupes paramilitaires pour patrouiller dans l’ensemble de la région qui a décrété 2 jours de grève pour manifester contre les violences de la veille. Magasins, banques et écoles resteront fermées et aucun transport public ne circulera. Les autorités ont interdit tout rassemblement et ont coupé internet dans l’ensemble de la vallée de Srinagar pour empêcher les habitants de communiquer.

En mai, cela fera un an que l’Inde a lancé l’opération All Out au Cachemire pour nettoyer la région de ses militants armés et de ses terroristes en vue de ramener une paix totale. Motivée par la résurgence militante qui a suivi l’élimination du jeune chef Burhan Wani en juillet 2016, l’armée indienne indique que plus de 250 militants supposés ont été tué depuis le lancement de l’opération. Depuis 1989 et le début de l’insurrection armée au Cachemire indien, plus de 47 000 personnes ont perdu la vie selon les décomptes officiels, mais selon les ONG, ce chiffre pourrait être multiplié par deux en raison des nombreuses disparitions non élucidées impliquant les forces de sécurité indiennes.

Julien Lathus

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