Après des mois d’une diplomatie à l’arrêt, l’Inde et le Pakistan ont annoncé le lancement d’un calendrier fixant des rencontres entre les responsables politiques des 2 pays pour relancer le processus de normalisation de leurs liens. Les 2 pays affichent un enthousiasme retrouvé après une petite réunion au Brunei, à l’occasion du sommet de l’ASEAN.
Mardi, en marge du sommet de l’ASEAN qui se tient à Brunei, Salman Khurshid, le ministre indien des affaires étrangères a rencontré Sartaj Aziz, le conseiller spécial du premier ministre pakistanais pour les questions diplomatiques. Les 2 politiciens ont discuté durant une petite demi-heure des problématiques communes à leurs 2 pays. Malgré la rapidité de cette rencontre, il s’agit du premier dialogue officiel entre l’Inde et le Pakistan depuis les élections générales pakistanaises du 11 mai et la prise de pouvoir de Nawaz Sharif.
Des pourparlers avaient été mis sur table après les signes positifs envoyés par Nawaz Sharif à son voisin indien. Parmi eux, le discours de campagne de l’actuel premier ministre pakistanais, le statut économique de « Nation la plus favorisée » que le Pakistan doit donner à l’Inde en fin d’année, mais également sur les annonces faites pour avancer le procès des accusés des attentats de Bombay de 2008.
Face aux médias, après cette rencontre, Sartaj Aziz annonce avoir passé en revue l’avancée des mesures de confiance (CBM) avec le ministre indien. « Nous avons évoqué les moyens de les faire croître car nos 2 pays veulent accélérer leur dynamique et cette rencontre est une réponse à cette volonté » s’enthousiasme l’ancien ministre des affaires étrangères du Pakistan de 1998 à 1999.
« Nous nous sommes arrangés pour que différentes groupes puissent se rencontrer dans les 2 à 3 mois à venir. Les contactes entre personnes et un assouplissement du régime des visas ont déjà été conclus. Des rencontres commerciales sont aussi planifiées. Plusieurs étapes sont déjà en cours et nous espérons que nos 2 premiers ministres pourront se rencontrer en marge de l’Assemblée Générale de l’ONU en septembre prochain. Nous donnerons ainsi un grand élan politique au processus de normalisation de nos liens » souligne-t-il.
De son côté, Salman Khurshid rappelle que le gouvernement pakistanais avait, à nouveau, envoyé une invitation au premier ministre indien pour qu’il se rende au Pakistan. Une invitation à laquelle Manmohan Singh aurait répondu avec un intérêt chaleureux.
« La chose la plus importante est que la politique porte ces liens vers l’avant. C’est important pour notre relation et pour trouver des solutions aux questions conflictuelles. Avant toute chose, il y a un besoin nécessaire de faire évoluer les contacts entre les personnes et de renforcer nos contacts institutionnels… Nous restons engagés dans cette voie et il est important de montrer des progrès rapides, comme de montrer une détermination comme celle émanant de la part du nouveau gouvernement pakistanais » déclare le ministre indien.
L’annonce de rencontres entre des groupes de travail cet été est bien accueilli, tout comme les examens des listes de prisonniers qui pourraient faire l’objet d’un échange.
Après avoir un peu traîné des pieds sur le chemin de la paix, l’Inde montre qu’elle veut emmener leur relation vers l’avant, et cela de manière bien plus positive. Si les CBM et l’amélioration de leur relation économique peuvent renforcer la normalisation de leurs liens bilatéraux, il reste toute une pléiade de questions sur lesquelles les 2 pays risquent de butter. S’il est vrai que le commerce et les contacts entre les peuples des 2 pays amènerons une réelle amélioration de leurs liens et une meilleure compréhension dans l’opinion publique, les problématiques frontalières et terroristes restent les clés de la résolution de la paix entre l’Inde et le Pakistan.
Julien Lathus