Pour l’Inde, une action forte de la part du Pakistan contre les groupes terroristes permettrait une amélioration de leur relation. Décrivant le Pakistan comme son « voisin le plus proche » , le ministre indien de la défense, AK Antony a réaffirmé que son gouvernement souhaitait des relations amicales avec un Pakistan « stable et pacifique ». Tout cela dans l’intérêt de l’Inde. Pourtant, pour certains analystes, l’opposition à la normalisation des liens entre les 2 pays est plus manifeste du côté indien.
Au cours d’une conférence sur la défense et la politique étrangère de l’Inde, le ministre indien AK Antony a maintenu l’idée qu’un Pakistan « en paix et stable » était dans l’intérêt de l’Inde, tout en indiquant que son voisin devait lancer des actions contre les groupes terroristes qui opèrent depuis le Pakistan, cela pour améliorer les liens indo-pakistanais.
« Nous sommes préoccupés par les différents groupes terroristes pakistanais. Les autorités devraient prendre des actions concrètes contre eux, ce qui aiderait à améliorer nos relations bilatérales » explique-t-il en réponse aux questions des journalistes qui demandaient si le changement de gouvernement pakistanais engendrait une meilleure relation entre les 2 pays.
A nouveau, on voit que l’Inde restera intransigeante face aux groupes terroristes qui depuis le Pakistan peuvent menacer l’Inde. Depuis 2010 et le retour d’une diplomatie entre les 2 pays, l’Inde n’a de cesse d’appeler son voisin à une action envers ces groupes et plus particulièrement le Lashkar-e-Toiba, fortement soupçonné pour les attentats de Bombay de 2008 qui avait mis à mal la relation entre l’Inde et la Pakistan. Malgré les nombreuses mains tendues par le Pakistan, l’opposition se fait principalement sur ce point, alors que le Pakistan reste embourbé depuis près de 10 ans dans une guerre contre ces groupes, surtout à la frontière avec l’Afghanistan dans le cadre de la guerre contre la terreur lancée par l’OTAN en 2001.
La situation est complexe pour le gouvernement pakistanais qui ne compte plus ses morts civils ou militaires depuis 2004. Sa marge de manœuvre reste faible face au jeu trouble des militaires avec ses groupes et face à une opinion publique, probablement pas majoritaire mais suffisamment puissante qui oscille entre sympathie ou neutralité pour ces groupes.
Dernièrement, Stephen P Cohen, un spécialiste américain sur l’Asie du Sud affirmait que la résistance à l’encontre de la normalisation des liens entre l’Inde et la Pakistan venait plus de New Delhi que d’Islamabad. « Les récentes élections au Pakistan comme la normalisation des liens entre les USA et Pakistan sont des avancées mais elles ne suffisent pas à régulariser les liens entre l’Inde et le Pakistan. Nawaz Sharif (le nouveau premier ministre pakistanais) peut être animé de bonnes intentions, mais il existe plus de résistance du côté indien qu’il ne le pensait. Cela est tragique mais c’est comme ça » explique-t-il à l’occasion de la publication de son nouveau livre « Shooting a Century : The India Pakistan Conundrum », publié par l’Institut Brookings.
Il remarque également que malgré l’essor du commerce et d’autres liens entre les 2 pays, l’opposition à la normalisation des relations est plus significative du côté indien que de celui pakistanais.
Face à cette dynamique, il recommande une plus grande implication des USA sur cette question en considérant une stratégie faisant de l’Inde et du Pakistan un ensemble. Il appelle les USA à se prononcer sur une résolution du conflit du Cachemire en poussant les 2 pays à accepter la Ligne de Contrôle comme une frontière internationale, s’opposant ainsi à la doctrine de l’administration d’Obama qui vise à ne pas prendre parti dans cette affaire.
« Alors que l’implication est importante, elle pourrait mener les Américains à des idées constructives à propos de ces 2 puissances pour les aider à atteindre des relations normales dans le sens où ce ne sont pas des petits pays à l’échelle mondiale. L’Inde va devenir le pays le plus peuplé du monde, le Pakistan sera rapidement le quatrième et tous 2 ont un programme nucléaire militaire braqué contre l’autre » argumente-t-il. « De mon point de vue, il est plus important que ces 2 pays aient des relations normales entre eux que de bonnes relations avec les USA. La première option est nécessaire à la seconde » ajoute-t-il.
Julien Lathus