Wikileaks : dans l’intimité de la politique indienne des années 70.

Le site Wikileaks a publié lundi 1,7 millions de câbles de la diplomatie américaine datant des années 1970, officiellement déclassifiés mais difficile d’accès. Nommés les « Télégrammes de Kissinger » en référence au secrétaire d’état américain controversé, Henry Kissinger (1973-1977). Les publications amènent des anecdotes fascinantes sur …

Le site Wikileaks a publié lundi 1,7 millions de câbles de la diplomatie américaine datant des années 1970, officiellement déclassifiés mais difficile d’accès. Nommés les « Télégrammes de Kissinger » en référence au secrétaire d’état américain controversé, Henry Kissinger (1973-1977). Les publications amènent des anecdotes fascinantes sur la vie politique indienne dans les années 1970 alors qu’Indira Gandhi était premier ministre.

Le premier essai nucléaire indien pour motiver le peuple.

Indira Gandhi à Pokhran, site de l'essai nucléraire indien.

Indira Gandhi à Pokhran, site de l’essai nucléaire indien.

Selon ce télégramme envoyé par un diplomate de New Delhi à Washington, le premier essai nucléaire indien réalisé le 18 mai 1971 auraient été initié par des aspects de politique intérieure. L’essai serait alors une réponse du gouvernement indien face aux critiques d’une économie en baisse, à la hausse du mécontentement populaire et à l’agitation de l’opposition.

« Nous sommes enclin à croire que la morosité et l’incertitude ambiantes ont pesé un poids significatif dans la décision de l’essai nucléaire indien. Le besoin d’un coup de fouet psychologique et la restauration d’un climat fait d’hilarité et de nationalisme ont peut-être fait pencher la balance » lit-t-on dans le le télégramme issu le jour même de l’essai.

Il ajoute également que l’ambassade américaine en Inde n’avait pas eu vent de récentes pressions des militaires sur le gouvernement d’Indira Gandhi et que la décision indienne de démontrer ses capacités atomiques tient aussi au fait de vouloir redorer son blason dans la politique internationale où l’Inde « se sentait reléguée sur le côté avec une profonde ignorance de son potentiel ».

Rajiv Gandhi intermédiaire pour le constructeur aérien suédois Saab-Scania.

Rajiv Gandhi avant la politique.

Rajiv Gandhi avant la politique.

Durant son passage en tant que pilote pour Indian Airlines, Rajiv Gandhi, fils de Sonia Gandhi et futur premier ministre aurait agit comme intermédiaire pour la firme suédoise en essayant de persuader l’armée de l’air indienne a acheté des avions de combat Viggen. Dans ce câble daté du 21 octobre 1975, un responsable de l’ambassade suédoise informe l’ambassade américaine que le « principal négociateur indien » pour Saab-Scania est Rajiv Gandhi alors que le négociateur auprès de la compagnie française Dasssault est le gendre du commandant de la flotte militaire indienne, Om Prakash Mehra.

En 1974, l’Inde renvoie au Pakistan des prisonniers de guerre recherchés par le Bangladesh pour crimes de guerre.

Guerre de libération du Bangladesh 1971

Guerre de libération du Bangladesh 1971

Ce câble envoyé d’Islamabad le 17 mai 1974 révèle qu’après l’accord signé entre l’Inde, le Pakistan et le Bangladesh le 9 avril de cette même-année, l’Inde a renvoyé les derniers prisonniers de la guerre de 1971. Parmi eux, 195 que Dhaka veut juger pour crimes de guerre.

On y lit également des commentaires sur l’accord de paix et sur sa réelle portée. « Bhutto (premier ministre pakistanais) et Aziz Ahmed (ministre pakistanais des affaires étrangères) ont salué l’accord du 9 avril comme un tournant majeur en faveur d’une paix durable avec l’Inde, mais la propagande anti-indienne dans les médias pakistanais reflète le fort sentiment de suspicions qui demeure à l’attention de l’Inde, accusée d’empêcher le Pakistan d’obtenir du matériel militaire.

Indira Gandhi : « Je suis fier d’avoir résisté aux appels à détruire le Pakistan en 1971 ».

Zulfiqar Ali Bhutto et Indira Gandhi à Shimla

Zulfiqar Ali Bhutto et Indira Gandhi à Shimla

Dans une analyse des relations entre l’Inde et le Pakistan après leur guerre de 1971, ce câble, envoyé à Washington annonce qu’Indira Gandhi ressentait qu’elle avait fait preuve de retenues durant la guerre. « Madame Gandhi était fière et croit sincèrement en expliquant qu’elle avait résisté aux pressions pour détruire le Pakistan en 1971 ».

« Nous pensons qu’elle veut la détente dans le sous-continent et elle pense qu’elle a fait d’énormes concessions au traité de Shimla. Elle insiste également sur le fait que la désintégration du Pakistan n’irait pas dans les intérêts indiens » lit-t-on dans ce document daté du 1 mars 1974. Il indique aussi que la reconnaissance du Bangladesh par le Pakistan avait permit une amélioration des relations indo-pakistanaises bien que la suspicion entre les 2 planait.

La prise du Sikkim par l’Inde en 1973 peut-être perçue comme un avertissement au Népal et au Bhoutan.

Le Sikkim dans les années 1970

Le Sikkim dans les années 1970

Le 25 avril 1973, un message de l’ambassadeur américian à New Delhi rapporte les impressions et les opinions du correspondant pour le journal Times of India, Sivdas Banerjee. Les informations du journaliste auraient été tirées de la rencontre entre le ministre en chef du Bengale-Occidentale et le ministre indien des affaires étrangères. « Il y a un message fort et délibéré à l’encontre du Népal et du Bhoutan dans l’intervention rapide au Sikkim ».

Indira Gandhi utilisa l’état d’urgence à son propre avantage.

Etat d'urgence en Inde de 1975 à 1976

Etat d’urgence en Inde de 1975 à 1976

Dans une note du 19 mai 1976, un analyste américain explique que l’état d’urgence décrété par Indira Gandhi en 1975 avait permit d’achever son processus d’affaiblissement de certaines institutions comme la presse, le Parlement ou la justice. « Dans des termes strictement politiques, les pouvoirs du premier miniustre n’ont hjamais été aussi grands. Mais sa légitimité comme le consensus populaire face à l’ancien système se fissurent, ce qui fait craindre un futur incertain ».

 

Julien Lathus

 

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