Une semaine de crise politique à la tête de l’état pakistanais.

Mardi 19 juin, la Cour Suprême su Pakistan a ordonné la destitution du premier ministre, Yousuf Raza Gilani, condamné pour avoir refusé de rouvrir des poursuites pour corruption contre le président Asif Ali Zardari. Cette décision ne va pas consolider le pouvoir déjà précaire du …

Mardi 19 juin, la Cour Suprême su Pakistan a ordonné la destitution du premier ministre, Yousuf Raza Gilani, condamné pour avoir refusé de rouvrir des poursuites pour corruption contre le président Asif Ali Zardari. Cette décision ne va pas consolider le pouvoir déjà précaire du chef de l’état.

Palais du premier ministre pakistanais par ~MVI~ (won’t ride air asia again), flickr

Une première nomination dans un contexte délicat.

Cette annonce renforce l’instabilité politique d’un gouvernement qui doit gérer une violente rébellion islamiste menée par les talibans et une grave crise économique. Zardari apparait de plus en plus impopulaire auprès des Pakistanais, dont le quart de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Les coupures chroniques d’électricité ont donné lieu à de violentes protestations toute la semaine au Punjab et à Islamabad. Le Parti du Peuple Pakistan (PPP) est jugé responsable de ces manquements par la population qui a attaqué la maison de Riaz Fatiyanna, un membre de la coalition au pouvoir.

Face à l’option risquée de contester cette décision et de s’engager dans un bras de fer avec la justice, le Parti du Peuple Pakistan de Zardari et de Gilani qui dirige la coalition au pouvoir depuis 2008 et la fin du régime militaire a décidé de nommer un nouveau premier ministre.

Alors que le président Zaradri a choisi jeudi de nommer Makhdoom Shahabuddin, un proche et actuel ministre du textile, au poste de premier ministre, un tribunal de Rawalpindi a émis un mandat d’arrêt contre lui pour violation des quotas à l’exportation d’éphédrine à l’époque où il était ministre de la santé. Ce produit chimique est utilisé dans la fabrication de méthamphétamines. Le fils du président, Ali Musa Gilani est lui aussi frappé par le mandat d’arrêt délivré par ce tribunal, chargé des affaires de drogues.

L’élection de Raja Pervez Ashraf au poste de premier ministre et ses défis.

Vendredi, l’Assemblée Nation du Pakistan organisé un vote pour contrer à la paralysie politique. Cadre du PPP, Raja Pervez Ashraf a été élu nouveau premier ministre à l’issu d’un vote où il a reçu 211 voix sur 342.

Makhdoom Shahabuddin alors ministre de la santé avec la secrétaire américaine Sebelius par US Mission Geneva, flickr

Cette annonce a créée la jubilation des partisans du PPP à travers tout le Pakistan et tout spécialement dans la circonscription de Rawalpindi où est installé Raja Pervez Ashraf. L’opposition quant à elle, enrage. Chaudhry Nisar Ali Khan, leader de l’opposition et membre du Pakistan Muslim League Nawaz (PMLN) a annoncé ne pas vouloir rester à l’Assemblé pour le premier discours du nouveau premier ministre. « C’est une insulte à la Nation toute entière. Zardari a extorqué la vengeance de la nation en imposant Ashraf » déclare-t-il.

Pour certains, même proches de l’opposition, le sentiment d’avoir évité le pire dans cette crise est un soulagement. « C’est un grand moment. C’est la beauté de la démocratie de voir que le premier ministre fut remplacé sans troubles et sans choc pour le système politique du pays. C’est une chose que le Pakistan se doit de célébrer » affirme Irfan Siddiqui, un chroniqueur éditorialiste, considéré comme proche de l’opposition.

Néanmoins, la situation reste précaire car Ashraf lui-même est accusé indirectement par la Cour Suprême d’avoir approuvé  des projets coûteux et non efficaces en matière d’énergie qui ont couté des millions de roupies à l’état. Son plus important challenge sera de gérer avec la Suisse la réouverture de l’affaire de blanchiment d’argent contre le président Zardari.

Sur cette affaire, Imran Khan, ancienne star du cricket, fondateur du parti Mouvement pour la Justice (Tehreek-e-Insaf) et surtout important challenger pour les élections de 2013 en vue de sa popularité a annoncé qu’il saisirait la Cour suprême si l’affaire concernant le président Zaradri ne serait pas rouverte.

Pour son gouvernement, le premier ministre Ashraf a conservé la plupart des ministres de celui de son prédécesseur. Hina Rabbani Khar reste aux affaires étrangères et Naveed Qamar à la défense. Samedi à Islamabad, il a fait son premier discours en établissant ses priorités : la lutte contre les talibans, les relations avec les USA, la crise énergétique et aussi ses relations avec ses voisins iranien, afghan et indien qu’il souhaite voir son le signe de la paix.

Son homologue indien, Manmohan Singh l’a félicité pour son intronisation et lui a confié vouloir poursuivre leurs progrès bilatéraux et leur coopération durant son mandat.

« Je souhaite vous exprimer mes plus chaleureuses félicitations pour votre nomination au poste de premier ministre de la République Islamique du Pakistan. Je suis confiant sur le fait que nos deux pays, pendant votre mandat de premier ministre, continueront à progresser sur tous les sujets et que nous construiront de bonnes relations de voisinage en renforçant notre coopération dans tous les domaines au profit de nos peuples » s’est exprimé Manmohan Singh dans son message à Raja Pervez Ashraf.

Sources :

Dawn (Pakistan) en VO.

India Today (Inde) en VO.

NY Daily News (USA) en VO.

Reuters India (Inde) en VO.

Julien Lathus

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