Revue de presse du 4 au 10 février (spéciale Cachemire).

Cette semaine le Cachemire est revenu au cœur de l’actualité du sous-continent. A nouveau, la région montre ses paradoxes et ses problématiques complexes. Objet de lutte entre l’Inde et le Pakistan, le Cachemire que les voyageurs du passé et les anciens souverains dépeignaient comme le …

Cette semaine le Cachemire est revenu au cœur de l’actualité du sous-continent. A nouveau, la région montre ses paradoxes et ses problématiques complexes. Objet de lutte entre l’Inde et le Pakistan, le Cachemire que les voyageurs du passé et les anciens souverains dépeignaient comme le paradis sur terre est aujourd’hui au cœur d’un conflit interne et externe, proche de l’insoluble. Entre géopolitique, conservatisme et couvre-feu, une revue de presse spéciale.

Journée de solidarité avec le Cachemire au Pakistan.

Des milliers de Pakistanais sont descendus dans les rues de Lahore et de Karachi ce mardi pour manifester leur soutien à la population du Cachemire, ce territoire partagé de facto entre l’Inde et le Pakistan. Dans les slogans, plusieurs slogans hostiles à l’Inde et aux États-Unis, accusés de s‘être alliés contre le Pakistan. Depuis 1990, au Pakistan, le 5 février est une journée dédiée aux habitants du Cachemire. Une journée de solidarité.

Rassemblement à Lahore pour le Jour de solidarité avec le Cachemire.

Rassemblement à Lahore pour le Jour de solidarité avec le Cachemire.

Cette année, le premier ministre, Raja Pervez Ashraf a déclaré que « la question non tranchée du Cachemire est dangereuse pour la paix dans la région et dans le monde ». Derrière cette phrase, l’appel à la communauté internationale de jouer un rôle dans la résolution de la dispute indo-pakistanaise. A la radio pakistanaise nationale, il affirme que « l’Inde, malheureusement montre toute son intransigeance pour la résolution du Cachemire » et que ce pays « régnait au Cachemire par la brutalité ».

Le premier ministre a profité de l’occasion pour réitérer la position du Pakistan sur l’affaire, à savoir, la résolution du dossier selon les lignes proposées par l’ONU en déclarant « qu’un referendum serait la voie la plus juste pour que les Cachemiris puissent se prononcer sur leur auto-détermination ». Cela des années que le mot « plébiscite » n’était pas revenu à un si haut niveau de l’état pakistanais. Certains analystes voient dans cette démarche des manœuvres pour séduire les voix du Cachemire dans l’optique des prochaines élections générales.

En ajoutant que la dispute pour le Cachemire impliquait des questions relatives aux droits de l’homme, il profite de l’occasion pour réaffirmer que le Pakistan soutenait le dialogue avec l’Inde et souhaitait de bonnes relations de voisinage.

Un groupe de rock féminin frappé par une fatwa.

Le 22 décembre dernier, le groupe de rock Pragaash se produisait à Srinagar au cours d’un festival. Deux jours plus tard, le groupe, entièrement composé de jeunes filles a commencé à subir des insultes et des menaces sur les réseaux sociaux. Un internaute a lancé les hostilités en commentant : « Je trouve que ce sont des gamines gâtées sans vergogne. Qu’en pensez-vous ? ». Très vite, la machine s’est emballée et certains ont ajoutés que leur musique allait à l’encontre de l’Islam et « qu’on devrait leur faire subie le même sort que l’étudiante violée de Delhi ».

Praagash

Praagash

Depuis, les 3 adolescentes ont quitté la scène et se disent menacées. Sur leur page Facebook, de nombreuses personnes ont manifesté leur soutien au groupe mais la page s’est rempli de messages haineux qui ont dépassé le cadre des « pour » ou « contre » pour devenir une tribune des pro-Inde ou des pro-Pakistan. Le débat fait fureur. Le grand mufti Bashiruddin Ahamd a lancé une fatwa contre les adolescentes pour avoir chanté en public. Les leaders séparatistes condamnent également. Les partisans hindous quant à eux, défendent le groupe de ses « filles musulmanes qui font tomber les barrières conservatrices ».

Face à l’accélération des troubles, les parents des jeunes filles les ont forcés à arrêter le groupe. Pour la mère de la batteuse, jouer en public n’est pas tolérable mais elle en voulait pas arracher sa fille de 16 ans à ses rêves. « En retour, elle avait promis à son père de faire les 5 prières quotidiennes » indique cette mère. Une autre mère s’offusque en se demandant en quoi la performance de sa fille était antimusulmane. « On en voit tout le temps à la télé et dans tous les foyers cachemiris. Mais si nous voulons vivre ici, nous devons vivre selon les règles. Nous n’avons pas le choix » reprend-t-elle.

Pendaison d’un séparatiste du Cachemire par New Delhi.

Le message de fermeté de la part du gouvernement indien est sans équivoque. Samedi, au petit matin, l’activiste séparatiste cachemiri Afzal Guru a été pendu dans une prison de New Delhi. Un acte perçu comme une volonté de faire voler en éclat le moratoire de 2004. Il s’agit de la seconde après celle du Pakistanais Mohammed Ajaml Kasab, unique survivant des attentats de Bombay de 2008. Human Right Watch déplore « une situation inquiétante.

Afzal Guru a été condamné à la peine capitale pour sa participation à l’attaque terroriste contre le Parlement Indien en décembre 2001. Quelques mois après le 11 septembre, la tension était à son comble et les groupes djihadistes basés au Pakistan pointé du doigt. L’Inde et le Pakistan étaient au bord d’un affrontement armé.

Couvre-feu à Srinagar

Couvre-feu à Srinagar

Face aux craintes d’un soulèvement au Cachemire, New Delhi a décrété dès samedi un couvre-feu dans plusieurs zones de la région. Des renforts de police ont été déployés à Srinagar pour se préparer à toute éventualité. Les autorités ont également bloqué internet et les réseaux sociaux pour empêcher la propagation des troubles. « La pendaison d’Afzal Guru est une déclaration de guerre de la part de l’Inde » a déclaré le chef d’une faction séparatiste. Le ministre en chef du Jammu et Cachemire, Omar Abdallah a quant à lui lancé un appel au calme. Néanmoins, des échauffourées ont éclatés à New Delhi et au Cachemire où la tension reste vive.

Julien Lathus

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