Révolution urbaine en Inde, partie 1.

Le boom urbain indien fait de la population du pays la seconde mondiale avec un taux d’urbains supérieur à beaucoup de pays. Le nombre de villes comptant d’un à quatre millions d’habitants doit passer de 48 à 68 dans les 20 ans à venir. La …

Le boom urbain indien fait de la population du pays la seconde mondiale avec un taux d’urbains supérieur à beaucoup de pays. Le nombre de villes comptant d’un à quatre millions d’habitants doit passer de 48 à 68 dans les 20 ans à venir. La perspective d’une Inde urbaine pose de multiples problèmes au regard de l’essor que connait le pays dans ce sens. The Indian Papers vous propose cette semaine un dossier sur cette question qui déterminera les possibilités de l’Inde à s’afficher comme une grande puissance au 21ème siècle.

Carte des villes de plus d’un million d’habitants en Inde en 1991 par Mapsof India

Actuellement, l’Inde comporte 9 villes de plus de 4 millions d’habitants. En 2030, elles devraient être 13. Delhi, Mumbai (Bombay), Kolkata (Calcutta), Chennai (Madras), Bangalore et Pune atteindront plus de 10 millions chacune.

La population urbaine y est estimée à 380 millions et elle devrait en compter 590 millions en 2030. K.P. Singh, dirigeant de DLF Limited, la plus importante compagnie immobilière indienne affirme que le rythme d’urbanisation devrait faire agir les dirigeants à constituer un surplus plutôt que d’avoir à gérer une pénurie.

« Les erreurs dans le développement urbain ne peuvent être changées rapidement… Le rôle du secteur privé est crucial et le gouvernement devrait s’en tenir à un rôle de décision et de régulation » déclare-t-il.

Pour lui, le rapide essor économique et l’importante part des jeunes avec une moyenne d’âge de 29 ans vont nécessiter la fondation de 70 villes nouvelles d’ici à 2020. Vingt d’entre elles devraient déjà être largement avancées.

« Mais cela n’est pas encore mis en place. Il en résulte un délabrement des infrastructures urbaines qui nécessite une solution radicale. L’Inde a besoin d’une meilleure gouvernance urbaine et d’une restructuration des corps civiques pour accélérer le processus de développement urbain » explique-t-il.

Gurgaon, à 10 km de Delhi connait un fort essor urbain avec 1,5 millions d’habitants par Shayon Ghosh, flickr

A Delhi, Sheila Dikshit, responsable locale rappelle que le développement d’un système global de transport est nécessaire dans les principales villes du pays. La capitale de l’Inde voit circuler 7 millions de véhicules auxquels s’ajoute 1 million d’autres venus des villes alentours. Elle met également en avant le fait de devoir développer les structures d’habitations. Ces deux éléments sont pour elle un vrai challenge à destination des responsables politiques.

« L’offre n’a pas suivi la demande croissante. Nous devons changer les lois sur la terre et la construction qui datent de 1895 » souligne-t-elle.

Le grand défi des urbanistes est de faire face dans les 7 mégalopoles qui regroupent 20 % de la population indienne et qui demandent 40 % des investissements estimés. Rien que pour les transports de 87 villes, il faudrait compter 80 milliards de $.

Rue encombrée de Calcutta par Happy Sleepy, flickr

La rapide hausse du PIB a élevé la part des services et de l’industrie dans l’économie indienne. Au plus fort de la Révolution Verte, dans les années 1950, l’agriculture représentait 52 % du PIB avant de tomber à 30 % en 1990. Aujourd’hui, la part de l’agriculture ne représente plus que 14 %.

« Au regard des perspectives pour le 21ème siècle, nous devons accepter l’urbanisation comme une conséquence directe de l’émergence d’une industrie dirigée par l’industrie et les services » déclare Amita Prasad, secrétaire principale du ministère du développement urbain. Le secteur des services représente aujourd’hui 56 % du PIB indien.

Dans le bidonville de Dharavi dans le centre de Bombay par Meanest Indian, flickr

Aujourd’hui, 1/3 de la population indienne vit en ville. Ces chiffres ont été dopés ces derrières décennies par le manque de perspective dans les campagnes. Ce fait, accompagné de l’industrialisation a conduit à la fondation de nouvelles villes, mais également de nombreux bidonvilles en raison d’une planification hasardeuse.

Dans le top des mégalopoles indiennes comme Bombay, près de la moitié de la population vit dans des bidonvilles ou des colonies illégales, sans accès aux services les plus basiques comme l’eau ou l’électricité. Ces structures urbaines sont sorties de terre dans des espaces qui offraient du travail. Cette conséquence marque donc aussi le manque de transport.

Sources :

The Bangkok Post (Thaïlande) en VO.

The First Post (Inde) en VO.

The Times of India (Inde) en VO.

Julien Lathus

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