« Les médias peuvent jouer un rôle significatif dans l’amélioration des relations indo-pakistanaises ».

La ministre pakistanaise de l’information et de la diffusion, Dr. Firdous Ashiq Awan a appelé ce vendredi les médias indiens et pakistanais à œuvrer pour l’amélioration des relations bilatérales entre les deux pays. Elle a insisté sur le rôle positif qu’ils peuvent jouer sur le …

La ministre pakistanaise de l’information et de la diffusion, Dr. Firdous Ashiq Awan a appelé ce vendredi les médias indiens et pakistanais à œuvrer pour l’amélioration des relations bilatérales entre les deux pays. Elle a insisté sur le rôle positif qu’ils peuvent jouer sur le rapprochement des peuples indiens et pakistanais.

« Ils devraient travailler à occulter les mauvaises interprétations, à créer un meilleur climat et à aider à atténuer les sentiments amères au delà des frontières » déclare-t-elle à Islamabad devant une délégation de médias indiens.

Vendeur de journaux à New Delhi par Carol Mitchell, flickr

Un contexte actuel adéquat aux avancées.

La déclaration de Firdous Ashiq Awan suit une démarche similaire organisée par la presse pakistanaise. Le 27 mars, le président du Conseil de Presse du Pakistan (PCP), Raja Shafqat Abbasi a diffusé une lettre qu’il a écrite aux membres du Conseil de Presse d’Inde (PCI). Il y souhaite une plus étroite collaboration entre les médias pour promouvoir la paix et la stabilité dans la région.

« Le PCP et le PCI peuvent être des acteurs dans la promotion de la paix et de la prospérité pour les peuples de ces deux grands pays » écrit-t-il. Il évoque également le projet de mise en place d’un Conseil commun de Presse des états de SAARC au sein de l’Association Mondiale des Conseils de Presse (WAPC) pour représenter le sous-continent.

Mr Abbasi conclut cette lettre en affirmant que les médias indiens et pakistanais peuvent ensemble amener les peuples à se rapprocher.

Le Cachemire et les médias pakistanais.

L’un des principaux points de discorde entre l’Inde et le Pakistan reste le Cachemire dont le territoire alterne périodes de guerre et période de tension latente depuis 1947. Firdous Ashiq Awan a rappelé ce vendredi, devant les journalistes indiens que la solution au problème du Cachemire entre les deux pays peut se régler par un dialogue pacifique.

Il y a plus de deux mois, à l’occasion du Jour de la Solidarité avec le Cachemire, la ministre de l’information avait appelé les médias de la région comme du monde à plus s’investir dans l’affaire du Cachemire et au sacrifice des Cachemiris. Ce 5 février dernier, elle prenait pour exemple le rôle de la télévision publique dans la promotion de la cause cachemirie. Elle demanda alors aux chaînes privées d’en faire autant.

Des stéréotypes aux émotions.

Lors de l’entrevue entre la délégation indienne et la ministre de l’information pakistanaise, cette dernière s’est prononcée sur la vision du Pakistan dans les médias indiens en leur rappelant que le seul pouvoir de son pays était celui du Parlement, régit par la démocratie.

Il peut être intéressant de rappeler que le contexte dans lequel évoluent les médias du sous-continent reste marqué par un climat de conflit latent. Les moments de détente dans les relations entre l’Inde et le Pakistan comme celui que nous semblons traverser restent instables. Le rôle de la presse dans les relations entre les deux pays reste un facteur important qui détermine l’opinion publique sur la question. Il faut savoir qu’un journal comme The Times of India publie chaque jour à plus de 3 millions d’exemplaires et que le secteur de la presse indienne a connut une croissance de plus de 10 % en 2007 selon le World Association of Newspapers.

Le traitement médiatique des attentats de Bombay en 2008 avait placé les deux pays dans un état de crise majeure. Les médias des deux pays s’étaient alors lancés dans une féroce bataille par presse interposée (voir The Hindu, 1 décembre 2008). Entre mensonges, allégations et déclarations de force, les médias avaient chauffé à blanc les émotions indiennes et pakistanaises sur ce drame.

La production de stéréotypes et l’actualité à chaud montrent l’influence immédiate des médias. Dans le climat actuel des relations entre ces deux pays, la responsabilité des médias demandée par la déclaration de la ministre pakistanaise sera-t-elle suffisante pour pouvoir faire avancer le programme de normalisation entre l’Inde et le Pakistan ?

Sources :

One Pakistan News (Pakistan) en VO, ici et ici

The Hindu, 1 décembre 2008 (Inde)

The Nation (Pakistan)

Julien Lathus

 

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