Les célébrations de l’Aïd au Cachemire indien : fêtes, assignations à domicile et violence.

Dimanche, les Musulmans du monde entier ont fêté l’Aïd. Cette date marque la fin du Ramadan et signifie fête en arabe. Au Cachemire indien, la fièvre marchande s’est emparée des rues dès samedi pour la préparation du festin.
Si les meilleures ventes concernent les achats de …

Dimanche, les Musulmans du monde entier ont fêté l’Aïd. Cette date marque la fin du Ramadan et signifie fête en arabe. Au Cachemire indien, la fièvre marchande s’est emparée des rues dès samedi pour la préparation du festin.

Boulangerie à Srinagar par engti, flickr

Si les meilleures ventes concernent les achats de viande, de pain et de légumes, l’Aïd est également l’occasion de renouveler sa garde-robe ou de faire des achats plus importants après le mois d’austérité imposé par le Ramadan. « Mon fils veut un nouveau vélo alors que ma fille me demande un scooter. L’Aïd est une occasion spéciale durant laquelle nous ne regardons pas à dépenser un peu plus » a déclaré un habitant de Srinagar.

Pour faire face à la demande la plupart des boulangeries de la vielle ville de Srinagar ont étendu leurs étales sur la voie publique. Les forces de l’ordre et les autorités municipales ont préféré ignorer ces petits accros à la loi pour la période festive.

A fête exceptionnelle, mesures d’exception. 

Les autorités indiennes ont néanmoins préféré prendre toutes les mesures pour éviter les débordements sociopolitiques dans cette région agitée. En conséquence, elles ont assigné à résidence tous les leaders séparatistes cachemiris dans le but de maintenir l’ordre durant les prières de l’Aïd à Srinagar. « Ces mesures ont été prises pour s’assurer que personne ne viendra troubler la paix et la tranquillité de la ville durant les célébrations de l’Aïd » a déclaré un officier de police.

Parmi eux, on retrouve Syed Ali Geelani, Mirwaiz Umar Farooq, Shabir Shah, Muhammad Yasin Malik et Muhammad Nayeem Khan. Tous sont des chefs de la coalition politique cachemirie Hurriyat qui milite pour l’autonomie de cette région.

« Je suis troublé à l’idée que nous avons été assigné à résidence. Je pense que selon l’état, nous n’avons pas le droit de fêter nos célébrations » déclare Mirwaiz Umar. « Ils ne nous ont donné aucune raison pour un tel confinement. Il est triste de voir que même nos obligations religieuses nous sont interdites » reprend un responsable de la mosquée Jama Masjid. Le porte-parole du chef du Front de Libération du Jammu et Cachemire, Muhammad Yasin Malik ajoute que cette action policière est anti-démocratique et représente une interférence frontale à sa religion.

Emeutes en 2010 au Cachemire par Burhaan Kinu, flickr

Les autorités indiennes ont en souvenir les violences qui avaient éclaté 2 ans auparavant, au cours de l’Aïd et après un meeting de l’Hurriyat. A la suite d’un meeting du parti durant l’été 2010, de violentes émeutes avaient émaillé le Cachemire. Les combats contre les forces de sécurités avaient fait 107 morts. Des manifestations violentes avaient également suivi les célébrations de l’Aïd un peu plus tard en 2010. Les autorités centrales et locales avaient alors accusé les leaders séparatistes d’incitation à la violence.

Malgré ces mesures, des protestations violentes ont éclaté ce lundi après la prière à Srinagar. La foule a incendié un véhicule de police et 3 policiers ont été passés à tabac dans le quartier d’Eidgah dans la vieille ville. Des forces de sécurités supplémentaires ont été envoyées dans cette zone en urgence pour restaurer l’ordre en tirant des bombes lacrymogènes.

Sources:

India Today (Inde) en VO.

Firstpost (India) en VO.

Hindustan Times (Inde) en VO.

ZeeNews (Inde) en VO.

Julien Lathus

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