L’éditorial du 15 juin 2012 – L’unité indo-pakistanaise dans la culture.

Alors que l’Inde et le Pakistan n’ont pas réussi à s’entendre sur le dossier du glacier du Siachen (voir article The Indian Papers du 12 juin 2012), le sous-continent a été endeuillé ce mercredi par la perte de l’un de ses plus importants artistes. Le …

Alors que l’Inde et le Pakistan n’ont pas réussi à s’entendre sur le dossier du glacier du Siachen (voir article The Indian Papers du 12 juin 2012), le sous-continent a été endeuillé ce mercredi par la perte de l’un de ses plus importants artistes. Le chanteur Mehdi Hassan est mort dans un hôpital de Karachi à l’âge de 84 ans. Il était la voix masculine du style de poésie d’amour chanté que l’on nomme dans cette région, le ghazal.

Au cours de sa dernière visite en Inde, ce Pakistan d’adoption, puisque musulman mais né en Inde en 1927 avait choisi de visiter le sanctuaire soufi d’Ajmer. Il avait été invité en Inde en 2006 par un autre chanteur de ce style, Jagjit Singh pour se faire soigner. En fauteuil roulant, il avait exprimé le souhait de voir l’Inde et le Pakistan unifiés.

Sanctuaire soufi d'Ajmer par AjmerDargah, flickr

Il se faisait l’avocat d’une culture, d’une histoire et d’une musique commune pouvant jouer un rôle important dans le resserrement des liens entre l’Inde et le Pakistan. Si la politique que les Britanniques ont  utilisé sous leur domination coloniale du sous-continent a créée les divisions entre les Hindous et les Musulmans et précipitée la partition de la région, la culture commune aux peuples du monde indien conserve un fond commun vivant.

Medhi Hassan, le roi du ghazal fait l’objet d’une vénération des deux côtés de la frontière et son talent dépasse cet horizon. Sa musique et sa vision dépassaient les multiples clivages qui opposent l’Inde et le Pakistan.

Sa visite au sanctuaire d’Ajmer montre le symbole d’une diplomatie du soufisme initié par le président pakistanais Ali Asif Zardari au mois d’avril (voir article The Indian Papers du 10 avril 2012). Le soufisme de cette région repose sur un socle commun de dévotion, de croyances et de rites dont l’ouverture d’esprit et la tolérance forment une base solide et pouvant faciliter la compréhension entre les deux pays. Les sanctuaires soufis ont la tradition d’accueillir des personnes de toutes croyances en leur sein. Cette tradition, au dessus des clivages politiques peut constituer une approche intéressante dans la dynamique des relations indo-pakistanaises. Ils représentent un symbole unifiant pour les habitants du monde indien.

Sans prétendre à une solution de réunification dans le sous-continent, les politiques indiennes et pakistanaises pourraient prendre plus d’exemples culturels pour surmonter leurs différents. Car si l’Inde et le Pakistan forment deux entités distinctes, les deux pays partagent une culture commune que leurs antagonismes ont tendance à trop aveugler.

Extrait d’un ghazal de Medhi Hassan

Julien Lathus

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