L’édito du 15 février – Hollande en Inde : de Gandhi aux Rafles.

Mission séduction pour François Hollande, certains ministres français et une pléiade de chefs d’entreprise en déplacement en Inde. Jeudi 14 et vendredi 15, la France cherche à combler le retard dont elle souffre dans cette Inde aux enjeux colossaux. New Delhi et Bombay au programme …

Mission séduction pour François Hollande, certains ministres français et une pléiade de chefs d’entreprise en déplacement en Inde. Jeudi 14 et vendredi 15, la France cherche à combler le retard dont elle souffre dans cette Inde aux enjeux colossaux. New Delhi et Bombay au programme de ces 2 jours en gardant en tête que les relations franco-indiennes sont bonnes sur le plan diplomatique mais qu’elles restent relativement faibles. Il s’agit de la 6ème visite d’un président français sous la Vème République.

Hollande passe devant la garde-présidentielle indienne sur la route qui le mène de Gandhi à la vente d'arme.

Hollande passe devant la garde-présidentielle indienne sur la route qui le mène de Gandhi à la vente d’arme.

Reçu avec le faste protocolaire symbolisé par une décharge de 21 coups de canon et par l’escorte de gardes à cheval, Hollande témoigne en anglais « du grand honneur fait à lui et à la France » par cette arrivé et indique vouloir porter les relations bilatérales «  à un haut niveau ». Répétant plusieurs fois le terme de « plus grande démocratie du monde », il cherche le soutien du premier ministre indien dans sa tâche de VRP. Flatté par le fait d’être le premier pays d’Asie à être visiter par le président Hollande, New Delhi indique « regarder la France comme l’un de ses partenaires les plus importants ».

Assez bonne entrée en la matière pour les Français qui ont derrière la tête l’ambition de faire signer plusieurs gros contrats avec New Delhi. Parmi eux, plusieurs concernent le secteur de la défense. En 2013, Dassault souhaiterait voir l’Inde acheter 126 avions de chasse Rafale. « J’exprime un optimisme réaliste pour 2013 » indique Eric Trappier, patron du groupe, à bord de l’avion présidentiel en route pour l’Inde. Sur ce sujet, les négociations se poursuivent déjà depuis un an et portent sur un contrat potentiel de 12 milliards de $. Néanmoins, aucune signature n’est attendue. Les Indiens ne signent jamais de contrat militaire pendant les visites politiques, d’autant plus que le contrat n’est pas finalisé.

Si la France cherche bien entendu à signer le maximum de contrats, c’est dans le domaine du nucléaire et de la défense que Hollande peut proposer ses meilleurs atouts dans un pays qui semble réceptif à ces technologies françaises de pointe. Surtout à un moment où l’Inde cherche à moderniser son armée dont les équipements souffrent d’obsolescence. Depuis quelques années, l’Inde est même devenue premier importateur d’armement militaire. Cette course à l’armement est également stimulée par le voisinage de l’Inde, composé du frère ennemi pakistanais et du géant chinois qui lorgne l’Océan Indien comme espace stratégique.

On comprend alors mieux les nécessités économiques pour la France et stratégiques pour l’Inde qui poussent les 2 pays a la négociation sur les contrats d’armement. Jeudi, ces discussions ont eu lieu après la visite de François Hollande et sa compagne au Mémorial du Mahatma Gandhi. Mais n’y a-t-il pas dès lors une certaine contradiction à jeter des pétales de fleurs pour honorer la mémoire de l’apôtre de la non-violence, humblement et en chaussettes quelques heures avant de négocier la vente d’une centaine d’appareil doté d’un potentiel pouvoir létal et belliqueux ?

Vingt minutes de présence auprès du père de la Nation Indienne et un mot pour le livre d’or : « Son message de paix, de courage et de simplicité continue à inspirer l’humanité ». Rien de tel pour s’encourager à vendre des avions de combat. Désolé Gandhi, à croire que les affaires sont les affaires et que la « faim » justifie les moyens.

Julien Lathus.

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