L’édito du 1 février – Inde-Pakistan : le mois de tous les dangers…

… dans l’endroit de tous les dangers. Janvier 2013 a rappelé au monde la dangerosité d’une paix inachevée entre l’Inde et le Pakistan. Plusieurs scénarios peuvent rapidement faire dérailler le processus de normalisation des liens entre ces 2 puissances nucléaires. C’est celui de la mort …

… dans l’endroit de tous les dangers. Janvier 2013 a rappelé au monde la dangerosité d’une paix inachevée entre l’Inde et le Pakistan. Plusieurs scénarios peuvent rapidement faire dérailler le processus de normalisation des liens entre ces 2 puissances nucléaires. C’est celui de la mort de 2 soldats indiens qui vient mettre le feu aux poudres au beau milieu des montagnes du Cachemire. Cette région, longtemps considérée comme le paradis sur terre est déchirée dans un conflit aussi long que celui israélo-palestinien. Une poudrière qui pour de nombreux diplomates du monde entier est l’un des endroits les plus dangereux sur Terre.

Vallée de Neelam au Cachemire pakistanais.

Vallée de Neelam au Cachemire pakistanais.

Si les troupes indiennes comme pakistanaises mobilisées au Cachemire s’échangent fréquemment quelques rafles puis s’accusent mutuellement de violation de l’accord de cessez-le-feu, l’incident est rapidement consigné dans les registres puis presque « oublié ». Pour 2012, ce sont près de 80 violations qui ont été rapportées par les 2 pays. Malgré cela, aucun d’entre eux n’a engendré ne telle poussée de fièvre entre l’Inde et le Pakistan.

Les accrochages du mardi 8 janvier ont révélé une nature autre que ces simples escarmouches. La brutalité du crime imputé aux soldats pakistanais a provoqué l’échauffement des esprits indiens comme l’on montré des titres de presse belliqueux ou des réactions politiciennes allant de l’interrogation sur la politique à mener avec le Pakistan à des déclarations appelant à décapiter 40 soldats pakistanais en retour. Plus que ces réactions engendrées par l’émotion, ces tensions semblent avoir fait table rase des récents efforts de normalisation entre les 2 pays. La simple phrase du premier ministre indien, « rien ne sera plus pareil avec le Pakistan » témoigne des dommages faits aux espoirs de paix. Cette déclaration traduit également la nature même des relations entre l’Inde et le Pakistan dans laquelle les crises se succèdent les unes après les autres.

Alors que les attentats de Bombay de novembre 2008 avaient conduit à une longue phase de tensions, le réchauffement indo-pakistanais avait été l’initiative du premier ministre indien Manmohan Singh qui invita son homologue pakistanais a venir en Inde pour assister au match entre leurs 2 pays dans le cadre de la coupe du monde de cricket, et par la même occasion de pouvoir échanger quelques mots au sujet de la paix. Dès lors, une dynamique pacifique avait caractérisé les relations. Accords sur le régime des visas, relance du commerce, visites, diplomaties du cricket et du soufisme étaient les enfants tant attendus de la normalisation des liens. Depuis les incidents du Cachemire, ces enfants sont rejetés à regret par leurs parents, mais une lueur pale émerge sous les portes qui se sont fermées.

L’intérêt de la paix entre l’Inde et le Pakistan reste pourtant vivant des 2 côtés de la frontière avec les demandes pakistanaises d’enquête sur l’incident et le maintien de sa politique de non-escalade envers l’Inde. Si les politiciens indiens cherchent à punir le Pakistan en le faisant languir pour qu’il comprenne que l’on n’attaque pas impunément ses soldats, l’Inde a néanmoins fait reprendre le commerce transfrontalier au Cachemire et le ministre des affaires étrangères Salman Khurshid indique que son pays ne tournait pas le dos à la paix.

Caractériser la situation actuelle entre l’Inde et le Pakistan est complexe. Tensions latentes ? Paix endormie ? A nouveau, la même question revient, toujours et toujours. Comment l’Inde et le Pakistan doivent-t-ils gérer leurs relations pour éviter de telles rechutes ? A lui seul, le Cachemire est probablement la réponse. Mais le chemin vers la résolution du problème risque d’être long au vu des montagnes russes diplomatiques qui fondent les relations indo-pakistanaises.

Julien Lathus.

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