Le fléau de la dengue à Dhaka

2018 restera comme une année noire au Bangladesh sur le plan sanitaire. Dhaka, la capitale du pays du haut de ses 19 millions d’habitants a subit une explosion de la dengue, cette maladie virale transmise par les moustiques. D’ordinaire, la maladie suit le rythme de …

2018 restera comme une année noire au Bangladesh sur le plan sanitaire. Dhaka, la capitale du pays du haut de ses 19 millions d’habitants a subit une explosion de la dengue, cette maladie virale transmise par les moustiques. D’ordinaire, la maladie suit le rythme de la mousson qui s’abat sur le pays de juin à septembre. Aujourd’hui, en raison du changement climatique, de la politique urbaine et du manque d’infrastructures de soins, la maladie connaît une expansion anormale et croît dans la capitale.

Cette année, le nombre de personnes atteint par la dengue recensé à triplé à Dhaka avec 7450 cas recensés et 17 morts, faisant de 2018, l’année où la maladie à tué le plus depuis l’an 2000 quand une comptabilité sur la dengue a été mise en place dans le pays. Pour les chercheurs, le vrai nombre d’infections pourrait être beaucoup plus élevé car la maladie se divise en 4 souches dont la plus mortelle est la dengue hémorragique. Ses symptômes nécessitent une hospitalisation et ce sont dans ces hôpitaux que les chiffres officielles sont collectés.

La dengue, transmise par le même moustique femelle porteur de la fièvre jaune ou du chikungunya prolifère sous les tropiques chauds et moites où l’urbanisation se caractérise par un développement rapide et peu contrôlé. Ces facteurs entraînent une explosion de la maladie au moment de la saison des pluies et le risque est multiplié dans les villes surpeuplées comme Dhaka.

« La plupart des cas de dengue ont lieu entre juin et septembre » explique le Dr Rasidul Haqque, spécialiste des maladies infectieuses au International Centre for Diarrhoeal Disease Research. « Mais nous voyons de plus en plus de cas se déclarer avant la mousson et surtout des mois après, jusqu’en novembre ou décembre » ajoute-t-il.

La croissance économique et démographique de Dhaka se traduit par la présence d’immenses chantiers de part et d’autre de la capitale où pullulent les eaux stagnantes dans des milliers de bidons ou réservoirs qui sont autant de maternités pour l’éclosion des larves du moustiques. En juillet, les autorités de la ville recensaient 19542 chantiers dans la capitale.

Dhaka n’est pas la seule grande ville de la région à connaître des conditions optimales à la propagation de la dengue mais elle est la seule à ne pas avoir de plan d’action efficace pour lutter contre la propagation de la maladie. Singapour examine avec un soin tout particulier ses chantiers et au Sri Lanka, le gouvernement a créer une unité spéciale de prévention de la dengue qui se focalise sur la destruction des larves. « La municipalité bombent les rues avec des insecticides mais ce n’est pas aussi efficace que de s’attaquer aux larves » explique Emranul Haq, du bureau de santé urbaine de l’ONG Worldwide Bangladesh.

La direction du système de santé du Bangladesh, entièrement tourné vers l’équipement des milieux ruraux pour éviter les exodes vers les grandes villes déjà surpeuplées a marginalisé la santé des plus vulnérables dans les milieux urbains. Il y manque autant d’hôpitaux publics que de médecins et autres personnels de santé.

Julien Lathus

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