État d’urgence déclaré au Sri Lanka

Ce mardi, les autorités du Sri Lanka ont décrété l’état d’urgence dans l’ensemble du pays suite aux émeutes inter-communautaires qui secouent le centre du pays, autour de Kandy. Depuis des jours dans cette zone, Cinghalais et Musulmans s’y affrontent et le gouvernement craint une propagation …

Ce mardi, les autorités du Sri Lanka ont décrété l’état d’urgence dans l’ensemble du pays suite aux émeutes inter-communautaires qui secouent le centre du pays, autour de Kandy. Depuis des jours dans cette zone, Cinghalais et Musulmans s’y affrontent et le gouvernement craint une propagation des troubles. Il s’agit de la première fois, depuis le retour d’un gouvernement civil qu’une telle mesure est appliquée au Sri Lanka.

Cette mesure devrait permettre l’envoi de soldats autour de Kandy pour prévenir de plus amples débordements. Il faudra toutefois attendre l’aval du Parlement pour y envoyer des troupes. « Nous avons des inquiétudes de voir ces troubles s’étendre. Nous ne voulons pas voir mettre à mal l’harmonie communautaire et s’étendre le discours de la haine » explique Mano Ganesan, ministre de la coexistence commentaire.

Les autorités craignent que les différentes attaques et émeutes qui frappent le district de Kandy ne s’étendent après celles qui ont secoué l’est de l’île mi-février quand un commerce appartenant à un Musulman et une mosquée avaient été brûlé par une foule cinghalaise. A Kandy, ses violences auraient pour origine une histoire où un groupe d’hommes musulmans auraient tué un homme de la majorité cinghalaise (75 % de la population du pays).

Des boutiques tenues par des Musulmans ont été incendié en réponse, le tout alimenté depuis des mois par un discours dur venant des milieux extrémistes bouddhistes qui prêchent la haine des autres communautés. Ce mardi matin, le corps d’un homme de 24 ans a été tiré des ruines fumantes de sa maison et son enterrement doit avoir lieu dans l’après-midi. Le premier ministre, Ranil Wickramsinghe a annoncé que ces violences « semblaient systématiques et organisées » et à promis « que le gouvernement allait prendre les mesures nécessaires ».

Les tensions entre les Musulmans (5% de la population) et la majorité cinghalaise existent depuis des décennies mais elles se sont accrues depuis la fin de la guerre civile en 2011 et la défaite des groupes armées issus de la minorité tamoule. Selon Alan Keenan, spécialiste du Sri Lanka au sein de l’ONG International Crisis Group explique que « les groupes bouddhistes radicaux harcèlent les Musulmans et les attaque avec une degré de régularité certain depuis avril 2012 ».

« L’une des clés de lecture de ces éventements repose sur le fait que pour de nombreux Cinghalais et Bouddhistes, le Sri Lanka est une île cinghalaise et bouddhiste et que les autres communautés, Musulmans et Tamouls sont une source de souffrance pour la majorité » explique le chercheur. Il ajoute que le précédent président, Mahinda Rajapaksa semble responsable d’une certaine montée de l’intolérance dans le pays, lui qui a usé d’une rhétorique nationaliste et anti-musulmane. Beaucoup pensent que ces violences inter-communautaires sont le résultat de la recherche d’un nouvel ennemi pour remplacer les Tamouls et unir les Cinghalais.

Julien Lathus

Add comment